C’EST une initiative en forme de plaidoyer pro domo des industriels de l’automédication. Mais par ces temps de disette financière, leur argumentation prend un relief particulier. L’AFIPA (Association pour une automédication responsable) a effectué un sondage auprès de 250 médecins généralistes, 71 personnels des services de médecine d’urgence et 969 patients. Il en ressort que si 10 % des actes d’automédication devaient "repasser" par la consultation et la prescription obligatoire (par exemple par le biais d’un relistage effectué par l’Agence de sécurité du médicament), les généralistes connaîtraient un accroissement de leur activité de 15,6 consultations par semaine. Une hausse « impossible à absorber » par ces praticiens, souvent déjà débordés, conclut l’AFIPA. « Si l’automédication se restreignait, résume Pascal Brossard, président de l’AFIPA, ce serait apocalyptique pour le temps de travail des médecins et des services d’urgences ». Selon l’AFIPA par exemple, l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) envisagerait de relister les vasoconstricteurs oraux. « Si ce relistage devait avoir lieu, conclut le président de l’AFIPA, les médecins ne pourraient pas absorber le surplus de travail qui en découlerait ».
Incidence sur le temps de travail.
À l’inverse, l’association a calculé l’incidence du délistage éventuel de 29 principes actifs correspondant à 15 indications bénignes (RGO, migraine, fièvre, rhinite allergique, otite externe, etc). Selon l’AFIPA, si ces principes actifs étaient accessibles en automédication, le « gain » serait de 49 millions de consultations par an, soit environ 17 consultations de moins par semaine et par généraliste ! Or, insiste l’Afipa, 49 % des médecins généralistes interrogés assurent qu’il leur arrive de refuser des patients par manque de temps. « Le généraliste pourrait se consacrer à des patients qu’il n’a pas toujours le temps de voir », assure Pascal Brossard.
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