En pleine campagne présidentielle, et alors que plusieurs candidats ciblent l'industrie pharmaceutique à propos du prix jugé excessif des médicaments innovants, Patrick Errard, président du LEEM (Les Entreprises du médicament), a présenté ce mardi des vœux offensifs, qualifiant 2016 d'« année de tous les rendez-vous ratés ». Il a surtout présenté un « contrat de mandature », sa feuille de route idéale pour le prochain quinquennat.
L'année passée aurait pourtant dû être constructive : accord-cadre renouvelé, septième Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), signant la reprise du dialogue avec les pouvoirs publics… Même François Hollande s'y était mis « en inscrivant la santé comme une priorité stratégique », se souvient Patrick Errard. Bref, « les planètes étaient bien alignées, il n'y avait plus qu'à travailler ». Las, selon le patron du LEEM, la lettre d'orientation adressée par Marisol Touraine au Comité économique des produits de santé (CEPS, qui fixe les prix des médicaments) est venue « contredire ligne par ligne ce qui avait été négocié précédemment », en réclamant une régulation comptable.
Déclaration de guerre
Le LEEM déplore le « matraquage financier » sur le médicament dans le cadre de la dernière loi de financement de la Sécu (LFSS 2017). Un point cristallise la colère des industriels : le mécanisme de verrou juridique de l'accord-cadre, alors que ce dernier fait la part belle à la négociation pour la fixation des prix des médicaments. « Ça ressemble beaucoup à l'article 49.3 de la Constitution, dénonce Patrick Errard, il est dégainable à tout moment, de manière anticipée ». Le patron du LEEM prévient : « Si cet article est utilisé, ce sera une déclaration de guerre. »
Dans son contrat de mandature, le LEEM estime qu'il faut sortir du pilotage à courte vue en privilégiant une approche pluriannuelle. En matière de régulation, le LEEM exhorte les pouvoirs publics à passer d'un système punitif à un dispositif attractif. Au menu, réintégration des gains d'efficience dans le calcul du prix de l'innovation et mise en place d'une loi-cadre quinquennale donnant de la visibilité à la politique de maîtrise des dépenses.
Pas de jérémiades
Le syndicat patronal relance l'idée d'un outil unique d'évaluation, l'index thérapeutique relatif (ITR), qui remplacerait le service médical rendu (SMR) et l'amélioration du service médical rendu (ASMR). « Le prix de l'innovation doit être lisible et compréhensible, insiste-t-il, et il doit être en proportion des années de vie gagnées. »
Il propose également de simplifier les procédures de lancement des essais cliniques, d'élargir l'accès aux données de santé et de favoriser l'évaluation des médicaments dans leur vraie vie. « Nous réclamons des réformes structurelles, résume Patrick Errard, nous ne voulons pas nous enfermer dans un rôle de jérémiades et de complaintes. »
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