L’OPÉRATION a été réalisée en juillet mais elle illustre l’explosion de la contrefaçon médicamenteuse. Menée conjointement par l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Institut de recherche anti contrefaçon de médicaments (IRACM), il s’agit selon les douanes de la « plus grosse opération jamais réalisée ». Dans une centaine de containers maritimes arrivés dans plusieurs ports africains, plus de 82 millions de doses de médicaments contrefaits ont été découverts. Parmi eux, des antipaludéens, des antiparasitaires, des antibiotiques, des contraceptifs et des traitements contre la stérilité. Selon l’OMD, ces produits contrefaits provenaient majoritairement d’Asie du Sud-est, et surtout de Chine, mais aussi de Dubaï.
L’opération, qui a mobilisé les administrations douanières de 16 pays africains, a consisté à contrôler simultanément dans les grands ports maritimes africains les cargaisons susceptibles de contenir ces produits contrefaits. Les douaniers avaient été préalablement formés à repérer les signaux pouvant suggérer la contrefaçon. L’Angola, le Togo, le Cameroun et le Ghana figurent parmi les pays où ont été opérées les plus grosses prises. Dans un seul port angolais, ce sont 33 millions de doses « parfaitement contrefaites mais sans principe actif » qui ont été découvertes mêlées à des DVD pornographiques, dissimulées à l’intérieur de haut-parleurs. « Je mets au défi des pharmaciens d’officine de faire la différence à l’œil nu entre ces produits contrefaits et l’original », indique à ce sujet Christian Zimmermann, de l’OMD.
Échelle industrielle.
Au-delà de cette prise, c’est la tendance qui alarme les autorités. Rapportées à une année entière, les doses saisies en trois jours représenteraient environ 10 milliards d’unités (pour une valeur de 3,85 milliards d’euros). « Chaque jour, souligne Christophe Zimmermann, 500 millions de containers sont en circulation dans le monde. Combien transportent des produits contrefaits » ?
Selon l’IRACM, certaines officines produisent des faux médicaments de façon industrielle, et vont jusqu’à reproduire à la perfection les hologrammes anticontrefaçon que les laboratoires apposent sur leurs conditionnements. Christophe Zimmermann affirme que les douaniers ont en face d’eux « des organisations internationales structurées, qui profitent de la globalisation ». D’autant que les peines encourues sont « minimes », bien moindres que pour le trafic de stupéfiants, beaucoup de pays n’ayant pas encore adopté de législation dissuasive. Les services douaniers se sont heureusement dotés d’un nouvel outil de traque de la contrefaçon. Baptisé IPM (interface public-members), ce système informatique renforce la capacité des douaniers à identifier les produits contrefaits, en leur donnant accès à des informations clés fournies par les laboratoires. Selon l’OMD, cet outil a permis « une augmentation substantielle des saisies par rapport à des opérations précédentes ».
Tous les domaines thérapeutiques concernés.
L’OMD et l’IRACM ont élaboré un plan d’action 2012-2017 de lutte contre la contrefaçon de médicaments. Selon les deux organismes, il devrait permettre de multiplier les missions de formation et de diagnostics des douaniers, ainsi que le nombre d’opérations de ce type.
Parallèlement, Sanofi lance ce mois-ci une campagne de sensibilisation aux risques de la contrefaçon de médicaments auprès des passagers d’Air France. Un film pédagogique sera diffusé en décembre sur les écrans de certains vols long-courriers d’Air France. Plus de quatre millions de voyageurs sont visés par ces messages de prévention. Selon Sanofi, on trouve des médicaments contrefaits partout dans le monde.
« Tous les domaines thérapeutiques sont touchés, aussi bien les médicaments innovants que les génériques, précise le laboratoire. Dans plus de 50 % des cas, on a observé que les médicaments achetés sur des sites internet dissimulant leur adresse physique étaient des contrefaçons ».
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