Ces décisions, publiées au « Journal officiel » la semaine dernière, conditionnent à l’accord préalable de l’assurance-maladie toute initiation de traitement de ces molécules (en ville comme à l’hôpital) à compter du 1er novembre. Elles sont justifiées par le caractère « particulièrement coûteux » de la prise en charge par la Sécu de la rosuvastatine (Crestor, AstraZeneca) et de l’ézétimibe (seul ou en association avec la simvastatine) et par le « non-respect » par les prescripteurs des recommandations de la HAS.
Le prescripteur devra établir une demande d’accord préalable (en ligne ou par formulaire) qu’il adressera à la caisse du patient pour toute initiation de traitement. L’absence de réponse dans un délai de quinze jours vaudra accord de prise en charge. L’assurance-maladie argumente : « la rosuvastatine, recommandée pour le traitement des patients dont le risque cardiovasculaire est élevé, et seule molécule non génériquée, totalise 30 % des volumes prescrits alors qu’il existe une alternative génériquée dans les mêmes indications ». Selon ses chiffres, dans sept des principaux pays européens, la rosuvastatine occupe une place minoritaire avec 7,8 % des volumes en moyenne.
Aucune concertation
Le Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux (SNSMCV) condamne cette décision prise « sans aucune concertation ». Le syndicat, qui parle de sanction collective illégitime, invite les médecins « à poursuivre l’initiation de prescription [de ces molécules] quand ils la jugent utile à la prise en charge ». À la CSMF, la tonalité est également très critique. « Demain, les médecins vont-ils être soumis à l’accord préalable des caisses pour exercer leur métier ? », s’interroge son président, le Dr Jean-Paul Ortiz.
À MG France, la réaction est plus mesurée. Son président estime que cette décision « va énerver tous les médecins qui prescrivent ces produits à bon escient ». Mais le Dr Claude Leicher reconnaît que les sommes affectées au remboursement de ces molécules (343 millions d’euros pour le Crestor en 2013) « pourraient aller vers les médecins s’ils respectaient mieux les bons usages en matière de prescription ».
Joint par le « Quotidien », le laboratoire AstraZeneca, fabriquant de la rosuvastatine, entend faire appel de ces décisions devant les juridictions compétentes.
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