Qu’elles viennent de l’Élysée, du gouvernement, du secteur de la pharmacie, du MEDEF ou du monde du rugby (dans lequel il s’était beaucoup investi), les réactions à la disparition, samedi à 87 ans, de Pierre Fabre, fondateur des laboratoires du même nom, sont unanimes et rendent hommage à son action d’entrepreneur.
Le président de la République, François Hollande, a souligné que la France perdait « avec Pierre Fabre un entrepreneur exceptionnel ». « Il fut constamment en avance sur son temps, continue le chef de l’Etat, ne cessant jamais d’innover, d’inventer, d’investir (...). Viscéralement attaché à sa ville de Castres, il resta fidèle tout au long de sa vie à sa région Midi-Pyrénées. » François Hollande relève que Pierre Fabre avait préparé sa succession « avec le souci constant de ses salariés et d’assurer l’avenir de sa société ».
Pas en reste, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a salué un « défenseur du patriotisme industriel », qui a su faire « rayonner l’excellence de la pharmacie française dans le monde ». Le président socialiste de la région Midi-Pyrénées, Martin Malvy, évoque pour sa part le « deuil de toute une région », en référence à l’attachement que Pierre Fabre a toujours montré pour sa ville de Castres.
Soucieux de sa région et de l’emploi
Le monde de la pharmacie et de l’entreprise salue le grand capitaine d’industrie.
Les laboratoires Pierre Fabre font part de leur « tristesse incommensurable », qualifiant leur président fondateur de « humble, discret et désintéressé », et soulignant son « souci permanent du bien-être de ses collaborateurs en les associant au capital de l’entreprise, et en attachant à la qualité des rapports humains une attention de tous les instants ».
Patron du G5 (qui rassemble les industriels français du médicament), Marc de Garidel classe Pierre Fabre parmi les « grandes figures de l’industrie française ». L’association juge que « Pierre Fabre portait une vision, et de grandes ambitions pour son entreprise, sa région, et pour l’industrie pharmaceutique et dermo-cosmétique française ».
Quant à Pierre Gattaz, nouveau président du MEDEF, il qualifie sa disparition d’« immense perte. Il était, parmi les grands décideurs français, l’un des plus investis et des plus soucieux de sa région, de l’emploi et du développement économique local ».
Pour Hervé Gisserot, président du LEEM (Les Entreprises du Médicament), « son nom continuera, au travers du groupe qu’il a créé, d’être synonyme du savoir-faire français dans l’industrie pharmaceutique mondiale ».
Amoureux du ballon ovale
La disparition de Pierre Fabre affecte également le monde du rugby. « On a tous l’impression de perdre un membre de notre famille », a témoigné Laurent Labit, ex-entraîneur du Castres Olympique, qui a gagné cette année le titre de champion de France de rugby. Pierre Fabre soutenait financièrement ce club depuis plus de vingt ans.
Les obsèques de Pierre Fabre, décédé des suites d’une longue maladie, auront lieu mercredi à Castres, sa ville natale, où est toujours situé le siège social de l’entreprise.
L’irrésistible ascension d’un self-made man touche-à-tout
Né à Castres le 16 avril 1926, Pierre Fabre a commencé sa carrière comme pharmacien d’officine.
À la fin des années cinquante, il met au point son premier médicament, un veinotonique baptisé « Cyclo 3 ». Grâce au succès de ce produit, il crée les laboratoires Pierre Fabre en 1962. Parallèlement à ses activités pharmaceutiques, Pierre Fabre diversifie ses activités en se tournant vers la dermo-cosmétique . Il opère le plus souvent par le rachat de marques existantes, comme Klorane , Ducray ou René Furtherer . En 1990, il crée lui-même une nouvelle marque, Avène .
Pierre Fabre a également beaucoup investi, à titre personnel, dans les médias. Il a été propriétaire de Sud-Radio, dont il s’est séparé en 2005. Il contrôlait le groupe de presse Valmonde (qui édite l’hebdomadaire « Valeurs actuelles ») et possédait 6 % du groupe de presse « La Dépêche du Midi ».
10 000 salariés, deux milliards d’euros de chiffre d’affaires
Toujours implantés dans la région Midi-Pyrénées , les laboratoires Pierre Fabre sont aujourd’hui le n° 3 français de la pharmacie. En 2012, l’entreprise, qui emploie près de 10 000 salariés, dont 6 700 en France, a réalisé un chiffre d’affaires de près de deux milliards d’euros .
Célibataire sans enfants, Pierre Fabre avait préparé sa succession pour mettre à l’abri du démantèlement le groupe qu’il a créé. Dès les années 2000, il a créé une fondation reconnue d’utilité publique, à laquelle il a cédé 66 % des actions du groupe. Il a également fait de cette fondation son légataire universel. Celle-ci va donc hériter des 27 % d’actions qu’il détenait encore. Les salariés du groupe possèdent pour leur part 7 % du capital.
› H.S.R.
En 1975, dans le cadre de la diversification des activités de son groupe pharmaceutique, Pierre Fabre rachète les thermes d’Avène. Les eaux de cette station de l’Hérault, créée en 1743, sont indiquées dans le traitement des dermatites atopiques, de l’eczéma, du psoriasis, et dans de nombreuses autres affections dermatologiques. Sous son impulsion, l’activité thermale se développe. En 1990, Pierre Fabre décide de créer une ligne de produits dermo-cosmétiques dédiée aux peaux sensibles. Aujourd’hui, la marque Avène est vendue dans plus de cent pays dans le monde, et est leader en Europe, au Japon et en Chine.
Sur la seule commune d’Avène, cette activité emploie 300 personnes. Avène est aujourd’hui le 2e groupe européen pour les cosmétiques d’officine.
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