C'est la dose de trop. « En considérant qu’un flacon de vaccin contre la Covid contient maintenant 6 doses, Pfizer se moque du monde », a réagi l'UFML-Syndicat après l'annonce, jeudi, du laboratoire américain Pfizer d'adapter à la baisse ses livraisons de vaccins à destination de l'Union européenne.
Initialement, le flacon du vaccin élaboré avec l'allemand BioNTech était prévu pour cinq doses, précisait la notice du fabricant. Mais dès le début de la campagne de vaccination au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, au mois de décembre, les soignants arrivaient souvent, avec minutie, à utiliser le surplus pour en faire une 6e dose, permettant d'accroître les personnes vaccinées. Cette pratique anti-gaspi de terrain a conduit l'Agence européenne des médicaments (EMA) à recommander l'utilisation d'une dose supplémentaire par flacon du vaccin Pfizer/BioNTech – passant ainsi de cinq à six doses et augmentant les capacités de vaccination de 20 %.
Défi pour les soignants ?
Mais l'opération « sixième dose » systématique ne s'avère pas si limpide, a reconnu le ministère de la Santé 19 janvier. « L'EMA autorise désormais 6 doses par flacon. Mais le geste n'est pas toujours possible et le matériel pas toujours approprié », en particulier selon les seringues à disposition, convient l'avenue de Ségur. « Cela veut dire qu'on doit accompagner les professionnels là-dessus, via des webinaires par exemple, mais qu'il faut aussi du matériel pour extraire cette 6e dose plus facilement. Il y a un vrai défi pour les acteurs de la vaccination et pour la task force ».
Le ministère de la santé met à disposition des soignants un portfolio comprenant une fiche technique sur les modalités d'injection. « La combinaison de l’aiguille et de la seringue doit avoir un volume mort ne dépassant pas 35 microlitres. Les seringues avec aiguille sertie permettent plus facilement d’atteindre cet objectif », lit-on dans la recommandation pour une sixième dose. Mais ce n'est pas la seringue dont les soignants sont équipés de manière standard. Le ministère assure avoir lancé des demandes « d'approvisionnement pour avoir de nouveaux types de seringues », qui arriveront à partir de « la fin du week-end et la semaine prochaine ».
Plus de droit à l'échec
Cette sixième dose (validée par le régulateur européen) permettant théoriquement de vacciner 20 % de patients en plus, le contrat de livraison – portant sur un nombre de doses et non de flacons – serait réduit en conséquence de 20 %. Avec une responsabilité qui se déplace sur la profession. « Un même flacon ne permettra donc plus l’échec d’une dose, jusque-là considérée comme surnuméraire », s'insurge l'UFML-Syndicat qui dénonce une obligation « source de stress ».
Cette polémique sur les doses s'est déployée alors même que le laboratoire annonçait une baisse de cadence « pour trois à quatre semaines », avant d'annoncer un plan pour revenir au calendrier initial de livraisons à l'UE « à partir de la semaine du 25 janvier ». Le retard sera rattrapé « à la fin du premier trimestre », a assuré la ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Pfizer-BioNTech ont relevé leur objectif de production du vaccin, le faisant passer de 1,3 milliard à 2 milliards de doses pour 2021, notamment grâce à ce recalibrage en six injections.
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