Le déficit du CHU de Limoges provoque des remous en interne. Le dernier en date est la démission ce vendredi d’un médecin du département d'information médicale (DIM) chargé de rédiger un rapport sur cet épineux sujet.
En hausse depuis 2015, ce déficit serait de 10 à 12 millions d’euros pour 2016, chiffre avancé par les syndicats, après plusieurs études comptables, que pour le moment personne ne conteste.
Plus d'ambulatoire, moins de chirurgie
Les raisons de ce déficit créent en revanche des divergences, les parties en présence n’ayant pas la même analyse. La direction de l'hôpital met principalement en cause un défaut de codage. Commandé en novembre 2016 par le service d’Information médicale, le document produit par le Dr Florence Fayard, praticien contractuel recruté à cette occasion, conteste l’analyse de sa direction, estimant que les raisons de ces pertes doivent être recherchées ailleurs.
« Nous avons comparé la valorisation des séjours du CHU de Limoges à celle des autres CHU français, dévoile-t-elle. Cet écart s’explique par trois éléments : la nature de l’activité de l’établissement, plus ambulatoire et moins chirurgicale qu’ailleurs, le très faible taux de passages en réanimation, probablement en lien avec un faible nombre de lits, et l’utilisation d’indicateurs biaisés. »
En termes moins techniques, le développement de l’ambulatoire aboutit à des facturations moindres qu’en chirurgie traditionnelle, la nature des soins médicaux est également moins chère que des soins chirurgicaux, ceci expliquant en partie une baisse des recettes. On peut ajouter également les différences dans les délais de remboursement des soins par la Sécurité sociale relevées entre les 32 CHU de l’Hexagone, certains étant mieux traités que d’autres.
Silence radio de la direction
Les syndicats soutiennent le rapport du Dr Fayard et enfoncent le clou :
« Le déficit n’est aucunement lié, comme voudrait le faire croire la direction, à un mauvais codage de la part des médecins, confirme Florence Metge, secrétaire générale de la CGT-CHU. Il est né de notre activité, spécifique à notre région, de l’ambulatoire, du manque de lits, des prises en charges, des soins continus. Sans compter la tarification qui évolue négativement au fil des ans. Le Dr Fayard est tout à fait dans le vrai. Et n’oublions pas la construction en cours d’un nouvel hôpital avec un plan de financement important. »
Un mois après sa remise, le document n’a toujours pas soulevé la moindre réaction de la direction du CHU. Celle-ci n’a d’ailleurs pas répondu à nos sollicitations et à nos demandes d’interview. L’intégralité du rapport a été diffusée par mail auprès des médecins de l’hôpital par sa rédactrice.
« De mon travail, il résulte qu’il n’y a pas d’argument en faveur d’un sous-codage de l’activité du CHU de Limoges comparativement aux autres CHU, souligne le Dr Fayard. Il me semblait important d’en informer les acteurs… »
Le médecin DIM regrette que la direction n’ait pas manifesté d’intérêt pour son rapport. Elle a déposé sa démission, effective au 1er septembre. « Il me semble que faire porter la responsabilité du déficit de l’établissement au sous-codage de l’activité n’est pas sans conséquences. En effet, quelle sera la légitimité à solliciter davantage de personnel ou de moyens lorsqu’il y en aura besoin ? »
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