Le Pr Gilles Potel, chef du service des urgences du CHU de Nantes, n'est pas peu fier de la spécificité de son service : 46 lits de médecine dite « polyvalente » où s'activent internistes, néphrologues, pneumologues, généralistes et, éventuellement, quelques urgentistes.
Si la médecine polyvalente se développe en France, notamment dans les petits hôpitaux, le cas nantais reste unique. Lancée en 2000, l'expérience est née d'un constat : l'« effondrement » de la permanence des soins ambulatoire, la précarisation des patients mais aussi leur exigence croissante font sombrer un peu plus chaque jour les services d'urgences en suffocation. Le médecin constate également que quatre passages sur dix aux urgences ne nécessitent pas un brancard. En parallèle, les soins en médecine (et non en traumatologie) augmentent année après année. Dès lors, pourquoi n'employer que des urgentistes ?
« Quand j'ai lancé cette idée, le bateau a bien sûr tangué, confie le médecin au "Quotidien", en marge d'un congrès de la Fédération hospitalière de France (FHF). Mais j'ai convaincu le personnel en leur disant qu'on devait penser la médecine d'urgence autrement, pour le bien du malade. C'est le cas : la durée de séjour est passée de 13 à 6,5 jours. » Et le praticien d'insister : « On fait fausse route à croire que les patients ont besoin de médecins urgentistes à tout prix. La pire solution pour les urgences est le recours à l'intérim, ce qui n'est pas le cas de mon service. Je n'accepte pas cette idée. »
Ce n'est pas la direction du CHU qui dira le contraire, d'autant que le service du Pr Potel a une autre qualité : sa rentabilité. Selon les chiffres du patron, les lits de médecine polyvalente représentent 10 % de la totalité du parc MCO du CHU mais assurent à eux seuls 30 % des hospitalisations.
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