La ministre de la Santé Agnès Buzyn a précisé sa feuille de route et le sens de son action sur les cinq prochaines années devant les quelque 500 acteurs de la santé, réunis ce samedi au congrès CHAM* à Chamonix.
Détendue, accueillie dans une ambiance loin d'être hostile, la ministre a détaillé au Pr Guy Vallancien, urologue mais journaliste d'un jour, comment elle compte développer la prévention sous toutes ses formes.
Plusieurs ministres impliqués
« Notre système de santé a été pensé dans les années cinquante, rien n'y valorise la prévention, a constaté Agnès Buzyn. C'est donc un enjeu de tarification. Les professionnels doivent être invités à s'investir dans des missions de prévention. Ils sont plus écoutés que les autorités, il faut que le message passe par eux. »
La ministre a recueilli le soutien de la salle en rappelant que plusieurs ministères, et non pas uniquement le sien, allaient s'atteler à la tâche. Et des applaudissements quand elle a confié qu'elle ne créerait « aucune structure nouvelle » pour gérer ce dossier ou un autre…
Prudence sur les pratiques avancées
Interrogée sur les déserts médicaux, vocable qu'elle n'aime guère, Agnès Buzyn a mis en avant le fonds dédié à l'innovation organisationnelle créé dans le nouveau budget de la Sécu, présenté jeudi par le gouvernement. « Exercices diversifiés, délégations de tâches, interactions via la télé expertise ou la télé médecine : tout cela sera permis par ce fonds, a-t-elle insisté. L'idée est de proposer des dérogations au règlement et un financement spécifique pour que les territoires s'organisent. »
Tandis que le Pr Vallancien s'enthousiasmait pour la création d'assistants médicaux « à l'américaine » (des infirmières formées à faire des opérations simples en complète autonomie), Agnès Buzyn a dit vouloir s'engager dans la voie des pratiques avancées en douceur. « Je suis prudente. Déléguer ce qui est facile et laisser la complexité aux médecins nécessite une bonne revalorisation, comme cela vient d'être fait dans la convention médicale. Et puis, n'oublions pas qu'une consultation simple est une pause, une sorte de repos dans la journée très chargée d'un médecin. »
Ni pro hôpital, ni pro médecine de ville…
Face à plusieurs directeurs et cadres hospitaliers des secteurs public et privé, Agnès Buzyn a réitéré son discours de la Baule et sa détestation de l'opposition stérile entre la ville et l'hôpital. « On essaye de me faire dire que je suis pro hôpital étant médecin hospitalier, pro médecine de ville comme ma famille ou même anti-infirmière car je suis médecin ! Je veux inciter tous les acteurs à travailler mieux autour du parcours de santé. Les vertueux, soit la grande majorité des médecins et paramédicaux, seront valorisés. Quant aux autres, il faudra faire en sorte qu'ils ne s'en sortent plus ! »
La ministre a clos le congrès sous les applaudissements de la salle, après les remerciements d'un « confrère » pour sa position pro vaccination. Au Davos de la Santé, Agnès Buzyn a sans doute marqué des points.
*Dont « le Quotidien » est partenaire.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes