C'est une figure assez connue du secteur hospitalier, familière des questions sanitaires, qui s'empare ce mardi, à bientôt 46 ans, d'un des postes les plus influents du pouvoir : l'ex-patron de l'agence régionale de santé (ARS) Île-de-France, Aurélien Rousseau, a été nommé au poste de directeur de cabinet de la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, a-t-il annoncé sur Twitter.
Au moment de commencer ma mission auprès d’@Elisabeth_Borne dont la confiance m’honore, j’ai une pensée pour ma grand-mère, Jeanne Boyer, élue à 29 ans en 1945 à Alès au sortir de la résistance et pour @VBedague qui est «la première» à avoir occupé ce poste, et de quelle façon !
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) May 17, 2022
Haut fonctionnaire issu de la gauche, ancien professeur d'histoire-géo à Bondy (Seine-Saint-Denis), énarque et conseiller d'État, Aurélien Rousseau avait été directeur adjoint de cabinet des Premiers ministres Manuel Valls et Bernard Cazeneuve (de 2015 à 2017), avant d'être nommé DG de l'ARS francilienne en 2018.
Dans les rangs du PC…
Né à Alès, petit-fils de résistant, Aurélien Rousseau s'est engagé en politique dans les rangs du Parti communiste. Il participe ensuite à la conquête de la mairie de Paris en 2001 et intègre l'équipe d'un des adjoints de Bertrand Delanoë.
Reçu en 2007 à l'ENA, il en sort deux plus tard pour rejoindre le Conseil d'État, puis retourne en 2012 aux côtés de Bertrand Delanoë, cette fois-ci comme dircab adjoint. Son ascension se poursuit à partir de 2015 à Matignon, donc, où il occupe la même fonction auprès de Valls puis Cazeneuve.
Éprouvé
Après un passage à la Monnaie de Paris, il prend les rênes de l'ARS à l'été 2018, où il doit faire face à la longue grève des urgences de 2019, puis à l'épidémie de Covid à partir du printemps 2020. Très éprouvé par trois années à ce poste, il était reparti au Conseil d'État depuis août, expliquant alors vouloir « entendre les petits signaux » pour « ne pas se croire au-dessus des ennuis de santé ».
Aurélien Rousseau reste marqué par son passage en réanimation à la Pitié-Salpêtrière, à cause d'une maladie neurologique, un syndrome de Guillain-Barré survenu lors de sa formation à l'ENA et dont il a tiré un livre (« Boucle d'Or », 2016). Père de trois enfants, le dernier né en plein confinement, il forme un couple de pouvoir avec la numéro deux de l'Assurance-maladie, Marguerite Cazeneuve, ex-conseillère sociale d'Emmanuel Macron.
« À nous de nous débrouiller pour soutenir les professionnels »
Son expertise hospitalière et sanitaire sera sans doute utile pour conduire depuis Matignon la poursuite des réformes santé, une des priorités affichées d'Emmanuel Macron. Aurélien Rousseau s'était déjà vu confier par Agnès Buzyn, en 2018, le pilotage de la concertation sur les ressources humaines à l'hôpital, dans le cadre de la stratégie de transformation du système de santé.
À la tête de l'ARS francilienne, il avait confié au « Quotidien » fin 2018 vouloir déployer une politique publique « plus agile et plus souple afin de mieux financer les projets de santé issus des territoires ». « Le rôle des tutelles sanitaires n'est plus le même qu'au temps des agences régionales de l'hospitalisation [issues du plan Juppé, NDLR], expliquait-il. Avant, on pouvait opposer à des porteurs de projet la lecture obligatoire de 150 pages de cahier des charges ! Le terrain devait rentrer dans nos cases. Aujourd'hui, c'est à nous de nous débrouiller pour soutenir les professionnels. »
Les leçons de la crise
Regrettant les cloisonnements, le haut fonctionnaire estimait que l'exercice de la médecine mixte devrait « devenir la règle ». Il souhaitait également traiter l'engorgement des urgences hospitalières « en amont », au niveau des soins de ville,soulignant que l'Île-de-France est « le premier désert médical du pays ».
Pendant la crise sanitaire, Aurélien Rousseau s'était agacé du procès en bureaucratie fait aux ARS parfois jugées incapables de s'adapter à une situation d'urgence. L'agence francilienne « a mené un combat pied à pied » face à l'épidémie grâce à ses 1 100 collaborateurs, défendait-il. Il plaidait pour tirer les leçons de la crise en franchissant une étape « avec les élus et en favorisant les liens avec les territoires ».
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