La ministre de la Santé était l’invitée du 12/13 de France 3 ce dimanche 24 juin (à revoir sur le site de France Télévision). Pendant près d’une demi-heure, Marisol Touraine a pris position sur les dossiers chauds du moment, sans éviter les sujets polémiques de l’installation des médecins et du dépassement des honoraires. Verbatim.
Contre la dépénalisation du cannabis
La proposition de Cécile Duflot, ministre du Logement, n’a pas l’adhésion de la ministre de la Santé, pas plus que celle du gouvernement d’ailleurs. « Je suis contre la dépénalisation du cannabis » a indiqué Marisol Touraine, avant d’ajouter : « Mais évidemment, il ne suffit pas d’avoir la sanction, il faut accompagner, prévenir, expliquer. »
Contre le dépistage généralisé du sida
Alors que le festival Solidays se déroulait ce week-end, Marisol Touraine n’a pas échappé à une question sur la politique de dépistage de la maladie envisagée par le gouvernement. Réponse : « Je ne crois pas qu’il faille imposer un dépistage automatique, obligatoire, mais en revanche, favoriser le dépistage rapide pour que ceux qui seraient porteurs du virus ne contaminent pas leurs partenaires, c’est une chose importante. »
Sécurité sociale : maîtriser les dépenses de médicament
A quelques jours de l’annonce des résultats de l’audit sur les finances publiques, la question des comptes de la Sécurité sociale, et de son déficit chronique, se pose. Comment le gouvernement socialiste compte-t-il inverser la tendance ? « Il nous faut prendre des mesures importantes, volontaristes, de réforme, répond Marisol Touraine. Il faut mettre l’ensemble des revenus à contribution. Les revenus du capital doivent contribuer à notre modèle social. Ce sera fait cet été. » Mais ce n’est pas tout : « Il nous faut prendre des réformes de structure ». Et cela passera notamment par « une meilleure maîtrise de nos dépenses de médicament, on pourrait aussi parler des dépenses des hospitalisations qui n’auraient pas lieu d’être et qui coûtent cher », ajoute la ministre.
Dépassements : mettre fin aux abus
Marisol Touraine avait annoncé la couleur dès sa nomination au ministère. Elle souhaite encadrer les dépassements d’honoraires pour éviter les excès. Devant les caméras de France 3, elle persiste et signe. « Il y a des dépassements inconsidérés, il y a de véritables abus. Et donc nous devons engager une négociation pour maîtriser, encadrer, plafonner ces dépassements d’honoraires qui empêchent, je le dis, un certain nombre de Français d’aller se faire soigner dans de bonnes conditions. J’ai donc informé la Sécurité sociale, l’Assurance-maladie, que je lui demanderai formellement dans quelques jours d’engager ces négociations […]. Il y aura des contrôles et si les négociations n’aboutissaient pas, je prendrai des dispositions dans la loi de la Sécurité sociale de la fin de l’année qui permettront de plafonner les dépassements d’honoraire. »
Installation : pas de service obligatoire
L’Ordre national des médecins a proposé d’imposer aux jeunes praticiens d’exercer pendant 5 ans dans la région de délivrance de leurs diplômes. Une bonne mesure ? « Cela ne me semble pas être la bonne démarche, répond Marisol Touraine. Parce que que s’il n'y a plus de médecins, ou pas assez de médecins dans les zones rurales, dans les campagnes, ou dans certains quartiers difficiles, ce n’est pas de la faute des jeunes médecins. Alors pourquoi faudrait-il que ce soit eux qui payent pour les dysfonctionnements de notre système qui a été laissé à la dérive au cours de ces dernières années ? Je crois donc qu’il faut, et je compte beaucoup sur les jeunes médecins pour cela, répondre aux attentes des professionnels. Il nous faut d’abord revoir les études de médecine. Aujourd’hui, un étudiant en médecine ne fait pas toujours de stage avec un médecin à la campagne ou dans un quartier de ville. S’il ne fait pas cette expérience là, pourquoi voulez vous qu’il aille s’installer dans une zone rurale ? Il faut, dès la formation, faire comprendre l’intérêt qu’il y a à aller dans ces secteurs. Ensuite, il faut comprendre qu’un jeune médecin ne souhaite plus travailler tout seul, avoir des horaires élastiques. Donc, nous devons soutenir des organisations en équipes, c’est ce que demandent les jeunes : plusieurs médecins, avec des infirmiers, en lien avec les pharmaciens, en lien avec les kinésithérapeutes. C’est ce travail là qu’il faut valoriser, qu’il faut soutenir, je crois que les médecins y sont prêts. »
Pas de fermeture des hôpitaux
La chasse aux dépenses concerne notamment les hôpitaux. Marisol Touraine n’envisage pas pour autant de fermer de nouveaux établissements. Ce n’est pas une bonne réponse, explique la ministre pour qui les hôpitaux « contribuent à faire vivre un territoire » et à lutter contre les déserts médicaux. « En revanche, il faut s’assurer que les soins qui y sont prodigués sont de qualité et qu’ils répondent aux besoins de proximité, donc pas de fermeture par principe, mais il faut regarder la qualité des services qui y sont apportés. »
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