Covid-19 : les Prs Didier Raoult, Christian Perronne et Henri Joyeux ainsi que trois autres médecins visés par une plainte de l'Ordre national

Changement de ton et de braquet : le conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) a décidé de porter plainte début décembre contre six médecins, dont les Prs Didier Raoult et Christian Perronne, après des propos jugés controversés sur l'épidémie de Covid-19. Contacté ce mardi par « Le Quotidien », l'Ordre national des médecins a confirmé ces informations, révélées lundi par l'agence de presse médicale APMNews.

En pratique, l'instance ordinale a examiné plusieurs plaintes ou signalements visant des médecins, pour des faits ou propos tenus publiquement sur la pandémie de coronavirus. Et à l'issue de ces délibérations elle a décidé de saisir les chambres disciplinaires de première instance de plaintes, ou de s'associer à une plainte en cours, à l'égard de six médecins. « Les motifs et griefs précis retenus ne sont pas encore précisés à ce stade et nous ne pouvons en dire davantage à ce stade des procédures », déclare le CNOM ce mardi matin au « Quotidien ». 

En termes de calendrier, ce sont donc maintenant les chambres disciplinaires de première instance des régions où exercent ces six médecins visés qui ont la main. « Mais les délais sont en général assez longs », confie l'Ordre national ce mardi. 

Contentieux et polémiques en série

Parmi les médecins visés figurent le Pr Didier Raoult, patron de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée, défenseur controversé de l'hydroxychloroquine, et l'infectiologue Christian Perronne. 

Depuis des mois, le Pr Didier Raoult est au cœur d'une polémique pour avoir étrillé la gestion de la crise par les autorités et les conflits d'intérêts dans la recherche internationale sur le traitement du Covid-19, tout en faisant la promotion de l'hydroxychloroquine.

Ses propos avaient déjà poussé l'Ordre des médecins des Bouches-du-Rhône à saisir la juridiction disciplinaire en octobre ; le CNOM a choisi de s'y associer. Au mois de septembre dernier, la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) avait attaqué le Pr Raoult lui reprochant notamment d'avoir indûment promu l'hydroxychloroquine comme traitement contre le Covid-19 et enfreint sur plusieurs points le code de déontologie médicale. Ses détracteurs l'accusent de « charlatanisme », de vanter les mérites d'un traitement non éprouvé scientifiquement, de manquer de prudence dans sa communication auprès du grand public et d'avoir déconsidéré la profession en dénigrant ses confrères qui ne prescriraient pas l'hydroxychloroquine.

Deux généralistes visés

Concernant cette fois le Pr Christian Perronne, l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) avait annoncé jeudi avoir mis fin à ses fonctions de chef de service, pour avoir notamment affirmé que les malades du Covid représentaient une aubaine financière pour les médecins (à l'époque, le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président de l'Ordre, avait annoncé sur Twitter que le CNOM allait se saisir de cette affaire) et également pour des propos polémiques autour de l'hydroxychloroquine. Le médecin était jusqu'ici chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine).

L'Ordre national confirme que les plaintes ordinales visent également le Pr Henri Joyeux, cancérologue à la retraite, le Dr Nicole Delépine, ancienne oncologue pédiatrique à Garches, ainsi que le Dr Nicolas Zeller, médecin généraliste, et le Dr Hélène Rezeau-Frantz, également généraliste.