Politique de recours aux tests RT-PCR

Dépistage du Covid : nos voisins européens ont-ils fait mieux ?

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Publié le 30/10/2020
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L'accès aux tests RT-PCR pour dépister le Covid-19 et les conditions de travail dans les laboratoires semblent similaires en France et en Italie et, dans une moindre mesure, en Allemagne, meilleure élève.

Stratégie nationale, délais de rendus, conditions de travail… En matière de tests de dépistage, les biologistes médicaux européens ont-ils fait mieux ou différemment que leurs homologues français ? Deux d'entre eux, l'un Italien, l'autre Allemande, ont raconté lors d'un échange organisé par le Syndicat des biologistes (SDB) leur quotidien depuis quelques mois.

Si en France la stratégie de dépistage a connu quelques atermoiements, entre manque de tests pendant le confinement et ouverture des tests à tout le monde, avant une priorisation des patients symptomatiques et cas contacts mi-septembre, outre-Rhin, on a très tôt misé sur une stratégie de détection. « Nous nous sommes concentrés sur les tests moléculaires (PCR), afin d'avoir une idée précise de la circulation du virus dès le début, avec des tests pour tous les patients symptomatiques. Les groupes de cas contacts sont testés par biologie moléculaire et depuis le 15 octobre, par tests antigéniques », explique le Pr Mariam Klouche, médecin biologiste dans un laboratoire de Brême. En tout, 1,5 million d'analyses au SARS-CoV-2 sont réalisées par semaine, dont les trois quarts par les laboratoires privés.

En Italie, ce sont les laboratoires privés répartis sur le territoire qui sont chargés de réaliser et d'analyser les tests PCR uniquement, pour les patients symptomatiques suspectés par les médecins généralistes, les pédiatres, médecins du travail ou directeurs de maisons de retraite, mais aussi les tests faits avant une opération chirurgicale, dans les écoles ou les clubs sportifs, énumère le Dr Corrado Marino, biologiste libéral à Salerne (Campanie). « Les dépistages de masse sont faits par tests antigéniques ou sérologiques rapides », précise-t-il.

Épuisement

Dans le privé, les rendus des tests n'ont pas excédé 36 heures, indique le Dr Marino, grâce aux embauches de personnels et à l'achat de machines dédiées pour les analyses – soit des délais similaires à ceux de l'Hexagone. Dans les laboratoires publics italiens, on passe de « 48 à 72 heures ». Côté allemand, les résultats de tests des personnes prioritaires sont communiqués « le jour même ou le matin du jour suivant, et au plus tard dans les 24 heures », précise le Pr Klouche. Les tests des personnes non prioritaires, par exemple les voyageurs, peuvent prendre plusieurs jours selon les structures.

Cette période intense a aussi engendré des difficultés de tous les côtés de la frontière. En France, les syndicats de biologistes ont fréquemment communiqué sur la surcharge de leurs laboratoires et la fatigue de leurs personnels, face à des demandes toujours plus nombreuses. La situation est pareillement vécue en Allemagne. « C'est épuisant de ne pas savoir quand cela se termine. Il y a des tensions sociales, par exemple pour les salariés travaillant le week-end, qui ont des problèmes de gardes d'enfant. Mais les citoyens nous soutiennent », indique le Pr Klouche. Côté transalpin, les tensions sont également « fortes » malgré le professionnalisme des biologistes, dont le travail est déprécié, estime le Dr Corrado Marino.

Les Allemands restent pour l'instant les bons élèves : pour 450 258 cas de Covid recensés (au 27 octobre), ils comptent 10 091 décès, contre 37 479 morts en Italie (542 789 cas) et 35 000 en France (plus d'un million de cas).

 

M.F

Source : Le Quotidien du médecin