Le Focus « Vaccination », organisé par le Groupe Profession Santé, auquel appartient le « Quotidien » (1), a été l’occasion de dégager des pistes pour améliorer la couverture vaccinale des adolescents de 14 à 19 ans et des adultes fragiles (hors seniors), tels que les immunodéprimés.
Pour ces deux populations, l’enjeu est d’abord de dresser un état des lieux. « Pour les adultes fragiles, nous ne disposons pas de données épidémiologiques, constate Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS). La couverture vaccinale chez les adolescents est connue seulement grâce aux données de la médecine scolaire ».
Des adolescents difficiles à sensibiliser
Ainsi, pour le ROR, les adolescents sont 98 % à avoir reçu la première dose du vaccin et 93 % la deuxième. Pour l’hépatite B, seulement 45 % des adolescents sont vaccinés, mais « le rattrapage ne se fait pas, indique Daniel Floret. Les adolescents de 14 à 19 ans sont une population difficile à atteindre, parce qu’ils sont en bonne santé et consultent peu, mais aussi parce qu’ils n’ont plus de rendez-vous vaccinal pendant cette période ».
Chez les adultes fragiles, et donc à risque, seuls 29 % ont été vaccinés contre la grippe l’an dernier. « Il n’existe pourtant aucun obstacle à leur vaccination, insiste Daniel Floret. Chez les immunodéprimés, les freins sont difficiles à identifier. Il s’agit sans doute d’un défaut d’information des médecins qui pensent que la vaccination est contre-indiquée pour ces profils de patients ».
Une « attitude proactive, plutôt que réactive »
Pour atteindre ces populations de patients, l’effort doit d’abord porter sur l’information. Au-delà de la question de la méfiance grandissante face à la vaccination qu’il convient de désamorcer, « la perception des vaccins par la population doit être prise en compte : les notions de vaccin obligatoire ou recommandé ne sont pas toujours bien comprises », souligne Catherine Weil-Olivier, professeure honoraire de pédiatrie, insistant sur l’effort de pédagogie que les professionnels de santé doivent mettre en œuvre. « Les professionnels de santé doivent adopter une attitude proactive, plutôt que réactive », poursuit-elle.
Pour toucher et sensibiliser les adolescents, « il faut s’adapter à leurs modes d’information, en passant par exemple par les influenceurs, plutôt que par les institutions », estime Boris Danilovic, directeur exécutif de MSD Vaccins. Pour Daniel Floret, « il faut vacciner les adolescents là où ils sont, c’est-à-dire dans le milieu scolaire. La consultation de santé sexuelle envisagée pour les adolescents peut également être un temps d’information et d’échanges sur la vaccination HPV par exemple ».
Multiplier les lieux de vaccination
Une autre piste d’amélioration de la couverture pour les adolescents, mais aussi pour les adultes fragiles, relève, selon Gilles Bonnefond, président de l’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO), de la « multiplication des professionnels de santé qui peuvent vacciner. Concentrer la vaccination chez le médecin mène à l’échec ». Pour les femmes enceintes, les sages-femmes sont ainsi un levier d’amélioration, notamment dans la vaccination contre la grippe.
Les pharmaciens ont également un rôle à jouer dans la vaccination, mais aussi dans l’identification des patients à risque. « Les pharmaciens disposent d’un bagage scientifique à mettre au service de l’information des patients. Ils sont par ailleurs aujourd’hui formés à l’éducation thérapeutique des patients et sont sensibles à cette nouvelle mission. Ils sont un point d’entrée pour des populations qui consultent peu », observe Edouard Fougère, membre du groupe de travail sur la vaccination de la Société française des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO).
Des fiches détaillant la liste des vaccins pour chaque maladie chronique sont à élaborer pour mieux informer les professionnels de santé, estime Daniel Floret, qui milite pour la mise en œuvre de programmes de vaccination avec des incitations et des relances. « Pour les adolescents, la balle est dans le camp des pouvoirs publics, avec l’instauration de visites pour cette tranche d’âge notamment. Pour les adultes fragiles, elle est dans le camp des professionnels de santé », conclut-il.
(1) Évènement organisé le 12 décembre 2019 avec le soutien institutionnel de GSK, MSD et Sanofi Pasteur
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