LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN. Comment abordez-vous ce 59è congrès des centres de santé ?
Dr ÉRIC MAY : Dans un état d’esprit d’abord extrêmement positif car les centres de santé sont aujourd’hui reconnus comme un modèle pertinent en termes d’organisation des soins primaires ! Nous sommes en revanche plus interrogatifs sur la place concrète qui nous sera réservée au sein du plan Ma santé 2022.
Mais nous restons optimistes. Partout où il y a un projet pertinent que les centres de santé peuvent rejoindre, ils y vont franchement et y mettent toute leur énergie. Je pourrais citer le dispositif des CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé, NDLR] qui sont encore balbutiantes mais que nous soutenons clairement.
Estimez-vous que le modèle des centres de santé est soutenu par l’exécutif ?
Des progrès ont été faits mais il aura fallu des années pour aboutir sur des dossiers techniques pourtant ô combien essentiels. Depuis fin 2018, les médecins salariés peuvent enfin participer pleinement à la maîtrise de stage universitaire.
Nous attendons pour la fin octobre une instruction ministérielle permettant de participer à la permanence des soins ambulatoires. Auparavant, ce n’était pas impossible mais cela dépendait d’accords locaux entre les différents acteurs. Aujourd’hui c’est cadré et sécurisé. C’est une reconnaissance de la médecine salariée qui peut répondre pleinement à ses obligations déontologiques. Nous bataillons pour cela depuis 2012.
En revanche, sur la place des centres de santé dans les futures organisations territoriales, le compte n’y est toujours pas. On se retrouve face à des ARS [agences régionales de santé, NDLR] qui se passent de notre expertise. C’est un vrai problème au moment où tentent de se coordonner tous les acteurs existants. Aujourd’hui le gouvernement doit, par la voix de la ministre, promouvoir notre modèle d’exercice auprès des ARS.
Enfin, les centres de santé doivent être présents dans toutes les instances consultatives et décisionnelles au même titre que les URPS [Unions régionales des professionnels de santé, URPS]. Bref, nous voulons arriver à une totale égalité avec nos collègues libéraux.
Que pensez-vous des initiatives des cliniques pour créer des centres de santé ?
Nous avons toujours dénoncé l’ordonnance de janvier 2018 autorisant explicitement les établissements privés lucratifs à gérer des centres de santé. Je reste sur cette position : c’est une erreur.
Aujourd’hui on ouvre le champ des soins primaires à des établissements privés qui, au prétexte d’apporter une solution dans les territoires, vont créer des problématiques dont on pressent qu’elles ne seront pas dans l’intérêt du territoire mais plutôt des actionnaires ! Nous craignons la mise en place de filières qui permettraient, par le biais des centres de santé, de favoriser l'activité des structures privées lucratives. Nous allons demander au ministère d’examiner attentivement ces structures et l’évolution de leurs pratiques.
Quelles sont vos priorités immédiates ?
Nous négocions actuellement l’avenant n°3 de notre convention avec l’assurance-maladie. Il s’agit d’adapter les dispositifs conventionnels libéraux pour les centres de santé ; je pense notamment aux assistants médicaux.
Nous poursuivons par ailleurs l’expérimentation PEPS [Paiement forfaitaire en équipe de professionnels de santé en ville, NDLR] dans le cadre de l’article 51 [sur les innovations en santé]. On essaye de voir si le remplacement d’une rémunération à l’acte par une rémunération forfaitaire peut être bénéfique aux patients mais aussi utile en termes de gestion des ressources et d’optimisation des services. L’expérimentation PEPS se déroulera sur cinq ans. Cela pourrait aboutir à une transformation radicale du paysage sanitaire français.
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