Hospitalisé depuis deux semaines dans le service de cardiologie pédiatrique de l’hôpital Sant’Orsola de Bologne (Emilie-Romagne), un petit Italien de deux ans, atteint d’une malformation cardiaque grave, devait être greffé, une opération nécessitant le consentement à une transfusion sanguine.
Mais ses parents, proches des mouvements antivax – les no vax comme on les appelle en Italie – refusaient de donner leur consentement si la direction de l'hôpital ne s'engageait pas noir sur blanc à ce que le sang utilisé pour cette transfusion soit… celui d’un donneur non vacciné contre le Covid. Parmi les théories fumeuses avancées, les parents prétextaient que les vaccins contiennent des cellules d’embryons humains avortés susceptibles d'être transmises à l’enfant via la transfusion.
Protocoles stricts
La famille imagine alors un « plan B » et réclame à l’équipe médicale d’utiliser le sang d’un donneur volontaire recruté dans la mouvance anti-vaccination, contacté via les réseaux sociaux. Une quarantaine d’antivax étaient prêts à donner leur sang…
C'était sans compter le tollé médical provoqué et la vague de protestations dans tout le pays. La direction de l’hôpital et le centre de transfusion régional refusent aussitôt le « projet de recrutement » des parents. Ils font valoir que les dons de sang sont soumis à des protocoles juridiques stricts et incontournables – comme l’anonymat du donneur – afin de garantir la sécurité de la transfusion. De leur côté, les médecins en charge de l’enfant ont déposé un recours devant un juge tutélaire du tribunal de Modène.
La science contre les caprices
L’affaire a pris une tournure nationale, de nombreuses personnalités médicales exprimant leur indignation. « C'est de la folie, la science ne peut pas dépendre d’un caprice, il y a des critères, des évidences, utiliser le sang d’une personne non vaccinée n’a aucun sens », a tonné le Pr Vincenzo De Angelis, directeur du Centre national du sang.
De son côté, la Fédération nationale des Ordres des médecins italiens (FNOMCeO) a lancé un appel solennel aux parents pour « écouter les conseils des médecins ». L’équipe médicale de l’hôpital Sant’Orsola a tenté un dernier recours auprès de la famille : l’opération ne peut plus être reportée, la vie de l’enfant est en danger.
Lundi 7 février, l’affaire a atterri devant les tribunaux. D'un côté, la famille réclamait toujours un report, le temps de trouver un donneur non-vacciné. De l’autre, l’hôpital voulait le feu vert immédiat pour opérer l’enfant et effectuer la transfusion selon le protocole en vigueur. Face au juge, les parents ont évoqué leurs convictions religieuses et brandi des extraits de la littérature antivax qui circule en ligne…
Mardi matin, le verdict est tombé : les parents ont été déboutés. L’enfant doit être rapidement opéré et le don de sang est totalement sécurisé. Les parents risquaient même d’être déchus de leurs droits parentaux par le Parquet des mineurs mais ils devraient faire appel.
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