Était-ce un pressentiment ? Ce samedi 21 mai, jour de la passation de pouvoirs avec Olivier Véran, il règne une ambiance étrange au ministère de la Santé. Damien Abad, nouveau ministre de l’Autonomie, confronté à des accusations de viols qui sortiront le soir même, se donne comme il peut une contenance. Et Brigitte Bourguignon semble particulièrement nerveuse, comme si elle redoutait l'immensité de la tâche. De fait, la malheureuse n’aura guère eu le temps de faire de faux pas avenue de Ségur. Chargée du grand âge de 2020 à 2022, elle s’est vue une première fois empêchée - pour cause de pandémie - de lancer la grande loi dépendance qui lui tenait à cœur. Et alors qu’elle tenait sa revanche comme ministre de la Santé, patatras ! Le verdict des urnes est cruel : 56 voix seulement lui ont manqué pour être réélue dans sa circonscription et, par voie de conséquence, garder son poste au gouvernement. Tout juste a-t-elle eu le temps d’annoncer quelques mesurettes pour colmater l’hémorragie aux urgences, sans réussir à convaincre ni les syndicalistes ni le terrain.
Le successeur va devoir se mettre rapidement à l’ouvrage pour prendre le pouls des soignants. Tout devrait s'accélérer désormais. On connaîtra dès la semaine prochaine les conclusions de la mission Braun sur les urgences. Et la conférence des parties prenantes devrait prendre le relais. Mais le temps presse. La santé a beaucoup souffert de l'immobilisme orchestré par Emmanuel Macron depuis un mois et demi. Les urgences explosent. Les hôpitaux sont au bord de l’asphyxie. Et les libéraux s’impatientent à la veille de discussions sur la future convention. Il leur faudra de sérieuses compensations, si comme on peut le penser, de nouveaux protocoles de délégations sont mis sur pied en direction des professions non médicales. Enfin, sur l’organisation de la permanence de soins ou la régulation du conventionnement, de nombreuses incertitudes sont à lever : d’autant que les macronistes se sont montrés durant la campagne suffisamment ambigus sur ces sujets, pour mettre les médecins de ville en état d’alerte. Ajoutons aux soucis du moment le poids du déficit des comptes sociaux et de la dette, qui devraient compliquer la tâche de l’exécutif. Enfin, n’oublions pas le Covid. Dopée par la progression de BA.5, la pandémie gagne de nouveau du terrain au risque de mettre le système de soins encore plus sous tension, au moment où les blouses blanches aspirent à souffler un peu à l’arrivée de l’été.
Pour avancer sur ces sujets — avec une si courte majorité —, l’avenue de Ségur devra absolument s'appuyer sur le pôle santé de l’Assemblée qui devrait bénéficier heureusement d’une certaine stabilité. Les médecins élus seront certes moins nombreux qu’avant (18 contre 27). Mais les ténors demeurent à pied d’œuvre. On peut compter sur eux pour faire avancer la discussion dans l’hémicycle. Il le faut : plus que d'autres, les questions d'accès aux soins et de déserts médicaux méritent le consensus. On doit agir sans tarder, si l’on veut que le PLFSS puisse inclure fin septembre des mesures fortes pour relancer le système de santé.
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