Après un premier semestre très chargé, marqué par les négociations sur les assistants médicaux (avenant 7) et l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) sur les CPTS, la CSMF s'apprête à réunir quelque 250 cadres à Antibes pour sa 25e Université d'été.
Cette édition, ouverte à tous les praticiens qui le souhaitent, a pour fil rouge la « biodiversité médicale à cultiver » de la médecine libérale. Une façon de souligner que la profession doit s'unir autour de valeurs libérales communes mais sans modèle unique d'organisation et de prise en charge.
La période est très délicate. En dépit de relations apaisées avec l'exécutif, le contenu du métier est « attaqué de partout », alerte le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, « aussi bien dans son savoir-faire avec l'influence des ingénieurs, des technologies et de l'intelligence artificielle, que dans ses modes d'exercice ». Plateformes numériques qui dérégulent le parcours de soins, offensive du salariat : les nuages sont omniprésents.
Face à cette mutation qui bouscule tout, le néphrologue de Cabestany, réélu pour un deuxième mandat en mars 2018, affiche aussi sa détermination. « Le système de soins craque de toute part. La responsabilité collective médicale est mise en cause. Nous devons réfléchir à la façon dont nous pouvons ensemble répondre à l'accès aux soins de la population. Nous devons faire bouger les lignes et être proactifs. » Si la médecine libérale ne s'organise pas collectivement, d'autres acteurs (administration, structures publiques, etc.) prendront la main.
La fin de l'exercice en solo
Faire bouger les lignes consiste d'abord à s'impliquer dans la structuration de l'exercice libéral. Regroupements, coordination avec les spécialistes, délégations de tâches, implication dans la prise en charge des soins non programmés… Autant de changements que ne refuse pas la Conf', qui a acté la disparition programmée du modèle en solo. « Nous ne pouvons plus travailler de façon isolée, de façon cloisonnée comme nous le faisons depuis trente ans, assume le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. Les généralistes libéraux doivent se réorganiser collectivement dans les territoires sinon l'hôpital le fera à leur place ». Mais pour le généraliste de Mayenne, le médecin traitant doit rester le chef d'orchestre des parcours de soins et il ne peut y avoir de modèle unique. « C'est aux médecins de proposer leur propre organisation grâce à une approche populationnelle », propose-t-il.
Encore faut-il que les libéraux soient accompagnés dans cette réorganisation et que leurs initiatives soient soutenues. Un pari loin d'être gagné sur le terrain. « Sur les assistants médicaux par exemple, nous avons des médecins intéressés mais l'assurance-maladie n'est pas en mesure d'y répondre », regrette le Dr Duquesnel.
Un virage, quels moyens ?
À quelques semaines de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), quels moyens seront alloués à la médecine de ville par rapport à l'hôpital public ? Agnès Buzyn, qui doit faire le déplacement à Antibes samedi, donnera-t-elle le signal fort que la profession attend ? La question est d'autant plus centrale que le gouvernement mise sur la médecine de ville pour soulager les urgences en amont.
La question de la rémunération, et en particulier de la valorisation des actes cliniques, reste au premier plan pour la centrale polycatégorielle. « Comment recentrer le paiement du médecin vers ces actes intellectuels ? », s'interroge le Dr Patrick Gasser, président des Spé-CSMF. Le modèle économique des médecins généralistes libéraux est même jugé « obsolète ». « La prochaine convention médicale ne doit pas ressembler à celle de 2016 », anticipe le Dr Duquesnel qui souligne le poids croissant des consultations complexes et chronophages.
La CSMF se pose en partenaire incontournable mais aussi en ciment de la profession. C'est pourquoi elle a invité les syndicats seniors et juniors à surmonter leurs différences pour construire l'avenir. « Une table ronde transgénérationnelle et intersyndicale doit nous permettre de dialoguer et de partager nos idées, se réjouit le Dr Ortiz. C'est un moment historique. »
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