Face aux sénateurs, Olivier Véran se défend de l’influence des cabinets de conseil sur la gestion de la pandémie

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Publié le 03/02/2022

Crédit photo : DR

Les échanges furent parfois quelque peu tendus entre le ministre de la Santé et les sénateurs, mercredi 2 février. Auditionné par une commission enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil privés pendant la crise sanitaire, Olivier Véran a mis en avant le « coût modéré » de ces prestations pour l’État.

Gestion de la vaccination, stocks de gants, animation de réunions quotidiennes… Selon le ministre, depuis le premier confinement en mars 2020, « 54 commandes » ont été passées par l’État pour des prestations de conseil « dans le contexte de la crise » sanitaire, soit une facture de 26,79 millions d'euros pour les pouvoirs publics.

« Coût modéré »

La facture globale est certes « sans commune mesure » avec le « montant global de 1,717 million d'euros engagés en 2019 sur un périmètre équivalent » (périmètre sanitaire, NDLR) mais « le coût de ces prestations reste toutefois modéré au regard de l’ensemble des dépenses liées à la crise sanitaire, qui s'établissent à 30 milliards d'euros entre 2020 et 2021 », assure Olivier Véran.

Questionné en particulier sur le rôle du cabinet McKinsey – qui aurait passé des contrats avec le ministère de la Santé pour quatre millions d'euros entre mars 2020 et janvier 2021 – Olivier Véran a martelé qu'« à aucun moment, McKinsey ne lui a fait prendre une décision en lien avec la crise sanitaire ou la campagne vaccinale ». Des propos concordants avec ceux déjà tenus par des représentants du cabinet américain mi-janvier, qui s'étaient défendus devant la commission d'enquête de tout « rôle dans la définition de la stratégie vaccinale » de la France. 

« Les devis excluent toute forme de conseil »

Document à l’appui, les sénateurs ont cherché à comprendre comment les équipes du cabinet de conseil sont intervenues sur des documents estampillés « ministère de la Santé ». « Je prends un exemple : nous sommes le 8 juillet 2021, à quatre jours de l’intervention du Président pour annoncer la vaccination obligatoire des soignants et l’extension du passe sanitaire et McKinsey rédige un livrable intitulé "sécuriser l’objectif de 40 millions de vaccinés à fin août" », détaille Éliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis « Est-ce qu’il y a marqué McKinsey sur le document ? », rétorque le ministre, qui précise que des salariés du cabinet de conseil venaient simplement « en renfort » des équipes du ministère. « On examinera les contrats pour comprendre mieux ces prestations », prévient Arnaud Bazin, sénateur LR du Val-d’Oise.

Le ministre de la Santé a certifié que les missions confiées par l’État aux cabinets de conseil s'étaient bornées à « la programmation, la logistique et les systèmes d'information de crise ». « Les devis excluent toute forme de conseil en politique publique, en droit, en matière médicale et bien sûr de substitution en matière décisionnelle », a recadré le ministre. « Ces cabinets de conseil viennent en comlément des ressources internes », a-t-il insisté. 

« Vous ne trouvez pas que ça fait un peu cher la mission ?» 

Les sénateurs ont examiné une autre mission fournie par McKinsey, à partir de décembre 2020 : la mise à disposition « d’agents de liaison » pour faire le pont entre le ministère et Santé publique France. Le tout facturé à hauteur de 700 000 euros. « 700 000 €, pour une personne qui assure la coordination opérationnelle et une personne dans une tour de contrôle à Santé Publique France. Honnêtement, vous ne trouvez pas que ça fait un peu cher la mission ? », a interrogé Éliane Assassi.

Entre autres missions, McKinsey a aussi aidé notamment le ministère de la Santé à faire le point sur les projections vaccinales, les sondages d'opinion sur la réticence vaccinale ou encore les stocks disponibles.

Vaccination pédiatrique

Face à une situation de « guerre », Olivier Véran a assumé le recours à ces cabinets privés de conseil, notamment pour renforcer des équipes ministérielles qui, au plus fort de la crise, « se reposaient sur des lits de camp installés dans mon cabinet »« S’il y avait une nouvelle crise qui devait arriver, et si nous avions, dans l’urgence, besoin de prendre des décisions et de faire appel à des compétences où qu’elles soient, je ferai appel à des compétences où qu’elles se trouvent, public ou privé », justifie Olivier Véran.

Lors de son audition, le ministre de la Santé a révélé que l’État avait de nouveau contractualisé avec McKinsey début 2022 « en renfort de la campagne de vaccination pédiatrique cette fois ».

L.G. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr