JEUDI, et ce n’est pas un poisson, les ARS (agences régionales de santé) succéderont aux ARH (agences régionales de l’hospitalisation). Une page se tourne. C’est l’heure des bilans et des adieux. Dans son dernier discours officiel en tant que directeur de l’ARH d’Ile-de-France, prononcé la semaine dernière face à une salle comble d’hospitaliers et de professionnels de santé, Jacques Métais est revenu sur cette singulière expérience qu’il a suivie depuis ses débuts, lui qui a piloté trois ARH (Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, Ile-de-France) depuis 1997.
« Dès le départ, on a eu le sentiment de vivre une expérience administrative originale, avec une structure légère, facile à diriger », a-t-il dit. Les ARH, en treize années d’existence, ont su s’imposer en tant qu’échelon régional. Leurs résultats sont « variables », admet Jacques Métais. Au total, elles auront supervisé 660 opérations de recompositions hospitalières. D’incursion hors du champ hospitalier, il n’a en revanche jamais été question. Très vite, certains directeurs d’ARH en ont tiré quelque frustration, et ont milité pour la création des ARS. La gestation du projet aura pris treize longues années. Jacques Métais pioche dans ses souvenirs pour illustrer le propos. Fin 1997, première déconvenue, à l’occasion d’une rencontre entre les patrons d’ARH et le directeur de cabinet de Martine Aubry, alors ministre de l’emploi et de la solidarité. « Nous lui avons dit que nous voulions continuer, et nous transformer en ARS, et qu’il fallait à tout le moins nous donner le médicosocial », se remémore Jacques Métais. La demande n’a pas eu d’écho : « À l’époque, il y avait une méfiance vis-à-vis des ARH ».
Deuxième opportunité manquée en 2003, juste avant l’été. « Jean-François Mattei [le ministre de la Santé de l’époque, NDLR] se rend à notre séminaire annuel, et nous annonce qu’à la rentrée, il va créer les ARS », reprend Jacques Métais. L’espoir sera douché par un coup de chaud : « La canicule a eu raison de son intention. »
Nicolas Sarkozy avait inscrit les ARS dans son programme électoral (sa rivale socialiste aussi, du reste). Dans trois jours, elles deviendront réalité. Jacques Métais, comme six autres directeurs d’ARH, va rejoindre l’IGAS, pour devenir conseiller général des établissements de santé. Il a glissé quelques conseils à son successeur, Claude Évin, présent lors de cette allocution d’adieu. « Les ARS seront jugées sur leur capacité à organiser la médecine ambulatoire (...) et une vraie permanence des soins en ville, sur leur capacité à coordonner le parcours du patient entre la ville et l’hôpital. Les ARS devront maintenir la réactivité des ARH. Et se coordonner avec l’assurance-maladie pour la gestion des risques. » Ce ne sera pas simple. D’autant que « leur taille les menace d’un risque de bureaucratie ».
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