De notre correspondant
ALAIN GAUTRON, directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) de Bretagne le reconnaît. « Ce n’est pas facile de faire partager un texte de 800 pages. Oui, c’est un peu techno mais le document répond aux exigences réglementaires ». Le projet régional de santé (PRS) est le fruit d’une vaste concertation qui a mobilisé près de 1 500 personnes. Malgré l’avis défavorable du conseil régional et de trois des quatre départements bretons -collectivités à majorité de gauche-, le projet a été arrêté et publié le 13 mars. « Pour dépasser les réserves émises », le directeur entend multiplier les contrats locaux de santé prévus dans la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST). Le premier a été signé en octobre 2011 avec le Pays de Vitré (Ille-et-Vilaine). Cinq sont dans les tuyaux pour 2012.
Le PRS breton a fixé trois priorités de santé : prévenir les atteintes prématurées à la santé et à la qualité de vie, améliorer l’accompagnement du handicap et de la perte d’autonomie, et favoriser l’accès à des soins de qualité sur tout le territoire. « Ces trois grandes priorités répondent à des particularités régionales », souligne Alain Gautron. La Bretagne va en effet passer de 3,1 à 3,5 millions d’habitants d’ici 2030. Sa population vieillit. Les plus de 60 ans représentaient un Breton sur quatre en 2008. Ils pèseront pour un tiers de la population en 2030. Ces données induisent une adaptation de l’offre de santé. D’autant que les indicateurs de santé sont particulièrement défavorables. Les hommes présentent ainsi une surmortalité générale de + 10 % et les femmes de + 7 % à la moyenne nationale.
100 structures pluriprofessionnelles
Le PRS prévoit plus de 100 plans d’action pour s’adapter à ces défis. La promotion du dépistage des cancers du sein et colorectal sera poursuivie, notamment à travers une expérimentation lancée avec les pharmaciens des Côtes d’Armor et du Finistère qui relaieront l’intérêt de la prévention et proposeront même des tests de dépistage. Les dispositifs d’accompagnement et d’éducation thérapeutique du patient (ETP) seront renforcés dans les territoires de santé en privilégiant les coopérations entre les secteurs ambulatoire et hospitalier. Les chiffres montrent que les actions d’ETP sont principalement portées par les établissements.
Pour mieux répartir les professionnels libéraux, l’ARS s’est fixé un objectif d’une centaine de structures exerçant de manière coordonnée et pluri-professionnelle : maisons, pôles et centres de santé. « À ce jour, 49 projets ont été ou sont accompagnés et 39 nouveaux contacts entre l’ARS, les élus et les professionnels de santé préjugent d’une bonne dynamique pour les mois et années à venir, affirme Alain Gautron. Les élus ont bien compris l’importance du projet médical, pas seulement la construction de murs. »
En complément, l’ARS œuvre auprès des doyens des facultés de médecine de Brest et Rennes mais aussi de l’Union régionale des professions de santé (URPS) pour encourager les médecins généralistes libéraux à se faire agréer comme maîtres de stage. Un moyen de favoriser l’installation des plus jeunes.
Financièrement, le projet régional de santé est basé sur un objectif national des dépenses d’assurance-maladie de + 2,4 %. « Nous sommes dans cette logique de poursuite d’augmentation mais si l’ONDAM était revu à la baisse, le PRS serait révisé à la baisse aussi »,précise le directeur de l’ARS.
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