NE PARLEZ PAS à Marie-Sophie Desaulle, responsable préfiguratrice de l’agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire, de ce « préfet sanitaire » que serait en puissance le directeur d’ARS avec, entre ses mains, les forces de l’État et de l’Assurance-maladie. À 50 ans, cette Finistérienne d’origine « refuse cette expression » et se voit davantage comme une « animatrice » d’une politique de santé que comme le représentant local de l’État détenteur de fonctions régaliennes. « On jugera de la réussite des ARS sur leur capacité à animer le débat public autour des problématiques de santé, explique Marie-Sophie Desaulle. L’enjeu est de faire vivre la démocratie sanitaire. Des outils comme la conférence régionale de santé et d’autonomie ou la conférence des territoires serviront cette ambition. »
Pour celle qui devrait devenir, au terme des six mois de préparation et d’installation, la directrice de l’ARS des Pays de la Loire, la mission – «une aventure », selon ses propres mots — qui vient de lui être confiée va consister « à faire la synthèse entre les questions hospitalières et les questions médico-sociales ». « Et pour moi, ajoute-t-elle, l’ARS est une vraie synthèse entre mon activité professionnelle comme directrice d’hôpital et mon activité militante. »
Institut d’études politiques de Bordeaux et École nationale de santé publique (aujourd’hui EHESP) : jusque-là, rien de très différent des autres responsables d’ARS. Mais, là où la majorité des préfigurateurs ont fait carrière dans la préfectorale ou dans les administrations centrales (DDASS, CRAM…), Marie-Sophie Desaulle est restée attachée à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) de 1986 à 2007, où elle a notamment été directrice de l’hôpital René Muret-Bigottini à Sevran (de 1991 à 1996) puis d’Antoine-Béclère à Clamart (de 1996 à 2001). Quant à sont « activité militante », elle concerne l’Association des paralysés de France au sein de laquelle elle a été, parallèlement à ses fonctions hospitalières, administratrice de 1992 à 2000 puis présidente jusqu’en 2007. Date à laquelle elle est devenue directrice de l’ARH de Poitou-Charentes.
Prudente approche.
Le profil est donc atypique. L’approche, elle, sera-t-elle différente de celle des autres directeurs d’ARS ? Trop tôt pour le dire. D’ailleurs, Marie-Sophie Desaulle se garde bien de trop se prononcer sur des terrains difficiles. Et recourt aux fondamentaux. La situation délicate du CHU de Nantes ? « Le président de la République a fixé un objectif d’un retour à l’équilibre budgétaire en 2012, je m’y tiendrais. » La fermeture annoncée de services de chirurgie ? « La chirurgie est un art. On fait bien des gestes que l’on fait souvent. »
En revanche, la préfiguratrice se dit convaincue de l’avenir des hôpitaux locaux dans une région comptant de nombreuses zones rurales. « L’hôpital local est une très bonne manière de rendre attractif certains territoires en offrant une pratique conciliable avec l’exercice libéral. » Quant à la PDS, Marie-Sophie Desaulle, qui a déjà rencontré le président de l’URML (union régionale des médecins libéraux), juge que c’est pour elle une « chance » d’arriver dans une région où une expérimentation sur les nouveaux modes de rémunération est en cours (ainsi en a décidé début septembre la ministre de la Santé, NDLR). « Cette expérimentation préfigure la réforme qui se mettra en place dans les mois qui viennent dans le cadre des agences régionales », a écrit la Ministre. Les Pays de la Loire devraient alors avoir une longueur d’avance.
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