La confirmation d’un ONDAM historiquement bas à moyen terme (2 % en moyenne sur la période 2015/2017), traduction d’un tour de vis inédit sur les dépenses maladie (10 milliards d’euros d’économies sur trois ans) est une très mauvaise nouvelle pour la médecine de ville, qui voit s’éloigner les derniers espoirs de revalorisation significative. Marisol Touraine a déjà écarté toute hausse prochaine du C, renvoyant la profession aux dividendes de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et aux futures rémunérations pour le travail en équipe.
Le Dr Jean-Paul Hamon (FMF) ne cache pas sa colère. « Non content de confier des pans de notre activité à des non-médecins, notre ministre parie sur la rémunération sur objectifs, notoirement insuffisante, après nous avoir fait croire qu’elle revaloriserait la médecine générale de proximité. C’est à pleurer ».
« Le drame, renchérit le Dr Roger Rua (SML), c’est que ce gouvernement ne fait aucune confiance aux libéraux alors que la médecine de ville a prouvé qu’elle était capable de réagir en "sous-exécutant" son objectif de dépenses. On stigmatise ce secteur alors qu’il faudrait au contraire investir ».
Le secteur I pénalisé
Pas en reste, le Dr Claude Leicher (MG France) juge « inacceptable » les propos de Marisol Touraine laissant supposer que les médecins ont déjà été servis. « On va agiter le bocal des médecins généralistes », assure le président de MG France.Le Dr Leicher ajoute qu’en écartant la revalorisation de l’acte de base, Marisol Touraine pénalise les médecins à tarifs opposables. « Le secteur I est bloqué mais on laisse filer les dépassements d’honoraires des médecins de secteur II », enrage-t-il. La ROSP et les nouvelles rémunérations forfaitaires sont-elles suffisantes ? « Non. Tous les généralistes ne sont pas concernés », précise le Dr Leicher.
Pour le Dr Jean-Paul Ortiz (CSMF), « Marisol Touraine fait une erreur majeure d’interprétation en refusant de revaloriser le C. Le fond du problème c’est la valeur trop basse de l’acte médical, ce devrait être la priorité. Le gouvernement n’a pas pris la mesure du mal-être des professionnels. »
Au nom du syndicat Le Bloc, le Dr Philippe Cuq porte un regard plus fataliste sur les choix économiques du gouvernement. « Nous sommes dans une telle situation financière que l’annonce d’une revalorisation franche de l’acte de consultation aurait été surprenante ». Pour autant, juge-t-il, la ministre apporte la preuve de sa « politique anti-libéraux ». « C’est sa plus grosse erreur, commente le chirurgien. La médecine libérale de proximité possède le meilleur rapport qualité-prix possible ».
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