À la maison médicale (MMG) de Clamart (Hauts-de-Seine), en attendant le médecin de garde, les patients disposaient d'une télévision installée dans la salle d'attente, en cette soirée de premier tour de l'élection présidentielle. Pendant que la France se choisissait un destin, des Clamariots venaient ici faire soigner leurs maux et blessures.
À 19 h 45, arrive un couple avec un jeune enfant. C'est pour lui qu'ils sont là, mais le bambin n'a pas l'air gravement atteint. Il pianote nerveusement sur un portable. C'est bientôt son tour et l'enfant entre dans le cabinet du médecin, accompagné par sa mère. Le père commente l'attente des résultats du premier tour : « Bien sûr que ça m'intéresse, ces élections, et j'aurais préféré suivre ça depuis chez moi, mais la santé de mon fils, c'est plus important ». Alors que circulent des sondages venus de Belgique et de Suisse, le père refuse de les lire sur internet. « Pas envie de savoir ça, assure-t-il, on ne sait pas si c'est de l'info ou de l'intox, parfois, c'est mieux d'attendre les vrais résultats ».
Vers 20 h 10, alors que les parents quittent la MMG, le médecin de garde sort de son cabinet, manifestement soucieux de connaître les résultats. Le duel du deuxième tour Macron-Le Pen ne semble pas l'étonner outre mesure. Lui, ce qu'il veut savoir, c'est le nom de celui qui occupe la 3e place. Fillon ou Mélenchon ? Mais à cette heure, les deux challengers sont crédités de 19,5 % des voix chacun, impossible de les départager. Le praticien regagne son cabinet.
Un jeune patient sonne à la porte. Il s'est fait mordre, indique-t-il à l'accueil, mais on ne saura pas par qui. Le score du premier tour ? Il le connaît déjà, et a l'air assez satisfait. Entre-temps, il y a eu changement de médecin de garde. Le nouveau, une jeune généraliste, vient chercher ce patient dans la salle d'attente d'où il regarde la soirée électorale. La généraliste : « On y va » ? Le patient : « on a 5 minutes, Non ? Je ne suis pas en danger de mort ».
20 h 30. Arrive un couple avec enfant. La mère est enceinte et le père semble avoir mal. Jean-Pierre Raffarin commente sur France 2 l'échec de son candidat. « Oh, il est bien bronzé, Raffarin », commente la mère. Deux minutes après, c'est Marine Le Pen qui apparaît à l'écran. « Maman, regarde, lance le gamin, c'est la dame qui raconte n'importe quoi ».
À 20 h 40, apparaît François Fillon à l'écran. La mère demande à son fils de se taire. Le père, fataliste : « il n'y avait déjà pas beaucoup de suspense au 1er tour, il y en aura encore moins au deuxième », commente-t-il.
En cette soirée exceptionnelle, peu de patients ont fait le déplacement jusqu'à la MMG. Il en arrive cependant un autre. Tout seul devant l'écran de la salle d'attente, il maugrée. « Je ne voulais pas regarder cette soirée électorale, et me voilà coincé devant! ». Manifestement, il ne se reconnaît dans aucun candidat. Heureusement, la généraliste le libère en l'invitant à la rejoindre.
À l'accueil de la MMG, un infirmier gère l'arrivée des quelques patients. Regrette-t-il de devoir travailler un soir d'élection ? « J'ai l'habitude, assure-t-il. En tant qu'infirmier, j'ai déjà travaillé le soir de Noël, et même du 1er janvier. Ce soir, c'est les présidentielles, mais pour moi c'est un soir comme les autres ». Manifestement habitué des MMG, il est catégorique. « Vous pouvez y aller, un soir comme celui-là, il ne viendra plus grand monde ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes