Le directeur général de l'assurance-maladie (CNAM) n'a pas promis de « big bang » mais une foule de nouvelles pistes pour faire évoluer la rémunération des médecins libéraux pour valoriser la qualité et la pertinence des actes.
Invité ce jeudi des 13es Rencontres de La Baule organisées par la commission nationale des URPS-médecins libéraux, Nicolas Revel a évoqué devant quelque 200 professionnels de santé la nécessité de ne pas accorder de primauté à la hausse du C. « La priorité ne peut plus être la revalorisation de la valeur de base des actes. ll nous faut réfléchir à l'évolution de la rémunération à l'acte », a déclaré le patron de la CNAM. Nicolas Revel a souligné l'importance de « dégripper les capacités à expérimenter » et de tester de nouveaux modes de financement selon des cycles de temps « beaucoup plus rapides ». « L'avenir de la médecine libérale ne réside pas dans la multiplication des rémunérations alternatives afin de faire disparaître la rémunération à l'acte », a-t-il toutefois ajouté, devant la perplexité grandissante de la salle.
La rémunération à l'épisode de soin est pour le patron de la CNAM un « modèle de rémunération intéressant qui intéresse économiquement les médecins ». Et de citer l'expérimentation sur le financement de la prise en charge de la prothèse de hanche, chapitre important du dernier rapport Charges et produits de la CNAM.
Donner vie aux communautés professionnelles
Alors que le gouvernement procède aux derniers arbitrages sur le projet de financement de la Sécurité sociale pour 2018, qui sera présenté le 28 septembre, Nicolas Revel a plaidé pour un investissement « prioritaire » sur les structures et les outils dont ont besoin les acteurs de ville pour travailler de façon coordonnée dans les territoires.
« À ce jour, les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou les plateformes territoriales d'appui sont des objets plutôt virtuels. L'enjeu est de les faire devenir réalité », a déclaré Nicolas Revel. Cet investissement « prioritaire » devra être « inscrit à l'agenda conventionnel », a-t-il encore précisé, sans pour autant donner de calendrier.
Selon Nicolas Revel, le déverrouillage de la télémédecine devrait dynamiser la médecine de ville, en améliorer l'efficacité tout en réduisant les coûts. « Si le PLFSS le permet, je vous confirme la disposition de l'Assurance-maladie à ouvrir une négociation avec les professionnels de santé sur la téléconsultation et la téléexpertise, qui sont parvenus à un niveau de maturité suffisant pour passer au temps du déploiement », a-t-il lancé.
Crainte du coup de rabot
Pas de « big bang », vraiment ? Dans la salle, la prescription du Dr Revel a en tout cas suscité plus de grimaces que d'applaudissements. Le Dr Jean-Paul Ortiz, patron de la CSMF, est monté au créneau en rappelant la « faiblesse de la valeur de l'acte médical individuel ». « Vous avez une lourde responsabilité, a lancé à deux reprises le médecin à Nicolas Revel, légèrement agacé par la contradiction. Les médecins libéraux sont prêts à s'engager dans la culture de la qualité et de la pertinence des soins que vous prônez, mais nous devons trouver un intérêt à agir de la sorte. Cela sous-entend une confiance partagée avec l'ensemble des interlocuteurs, sans pénalisation ni coup de rabot à l'encontre des professionnels. » Une allusion aux décotes subies ces dernières années par les radiologues et les biologistes. Les Drs Patrick Gasser et Philippe Vermesch, présidents respectifs de la branche spécialistes de la CSMF et du SML, ont abondé dans le sens du néphrologue de Cabestany.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes