Les députés ont voté en seconde lecture, sans modification, l'article 34 du projet de loi de financement de la sécurité sociale, qui étend l'obligation vaccinale de 3 à 11 vaccins, tard dans la nuit ce 29 novembre, après près d'une heure de discussions... malgré la volonté répétée des orateurs de ne pas réitérer les échanges houleux survenus en première lecture.
L'Assemblée a été le théâtre d'une passe d'arme entre les députés de La France insoumise François Ruffin et Caroline Fiat et le rapporteur Olivier Véran (LREM), les premiers reprochant aux autorités et aux laboratoires d'« escamoter le débat et la démocratie ». « La France insoumise est un fervent défenseur des vaccins », a déclaré Caroline Fiat, mais « nous avons un problème sur l'obligation de l'extension : nous ne souhaitons pas que la défiance (des Français) grandisse » à cause de cette obligation et de l'absence de réponses à certaines questions, a-t-elle développé.
Absence de débat ?
François Ruffin a dénoncé l'absence de débat « dans l'hémicycle » et devant les Français. L'extension de l'obligation vaccinale « n'est qu'une ligne budgétaire dans le PLFSS, c'est un déni de démocratie », a-t-il dit, quelque peu hué. « Qu'a-t-on eu comme documents, rapports, statistiques pour pouvoir se faire notre avis ? Je n'ai rien eu. (...) Je vous parle en tant que parlementaire et père : J'aimerais être intimement convaincu de la nécessité de tous les vaccins. Quels sont les effets indésirables ? Quel est le rôle des adjuvants ? On ne m'a remis aucun rapport sur le rôle des adjuvants, je n'ai rien sur la mortalité, qu'on s'adresse à ma raison ! », a-t-il demandé.
Entre ironie et agacement, Olivier Véran et Agnès Buzyn l'ont renvoyé dans les cordes, le premier rappelant les heures d'auditions (notamment du Pr Fischer ou encore du Pr Romain Gherardi) et de débat en commission et en séance publique, et faisant état de la remise d'un document de 600 pages à Caroline Fiat, la ministre le brocardant sur son métier de journaliste. « Si vous ne lisez pas les journaux, si vous n'en tenez pas compte, le débat peut durer longtemps », lui a-t-elle répondu.
Une évaluation au regard de la couverture vaccinale
« J'assume cette mesure de santé publique », a ensuite déclaré Agnès Buzyn déplorant le mauvais classement de la France en termes de couverture vaccinale parmi les pays de l'OCDE. Pour restaurer la confiance dans les vaccins, la ministre a précisé qu'une grande campagne d'information grand public sera organisée en 2018 et que les généralistes recevront des documents d'information dès janvier pour les aider dans le contexte du colloque singulier avec le patient. Cette mesure sera évaluée, au regard de la couverture vaccinale, ainsi que d'indicateurs construits par Santé publique France pour sonder la confiance des Français, a-t-elle argumenté, en réponse aux socialistes qui demandaient une évaluation au dernier trimestre 2019. L'Agence nationale de sécurité des médicaments rendra publiques les études de pharmacovigilance, a ajouté Agnès Buzyn.
Le député LR Jean-Pierre Door lui a apporté tout son soutien. « Vous avez derrière vous les scientifiques et les infectiologues », a-t-il déclaré, se faisant l'écho des pétitions des médecins et, en miroir, de l'indignation des Académiciens après les propos « d'un ex Nobel, dans le déni de la vaccination ».
Pas de nouveau rapport sur l'aluminium, mais plaidoyer pour des recherches
La France insoumise a échoué à faire supprimer l'article au motif que « le consensus scientifique n'existe pas sur la question des effets des adjuvants aluminiques ».
Caroline Fiat a demandé un nouveau rapport sur cette question, rédigé « par plusieurs experts autonomes », afin de répondre aux anti-vaccins.
« Un nouveau rapport au parlement ne résoudrait rien », et ne ferait que résumer les données actuelles, a estimé Olivier Véran, après les rapports des Académies de médecine et de pharmacies, et du Haut conseil de la santé publique. Il s'est dit en revanche favorable à ce qu'une équipe indépendante postule à des appels à financements publiques sur ce sujet, pour offrir un contrepoint aux travaux du Pr Romain Gherardi. Mais « Nous puissance politique, n'allons pas contraindre les scientifiques », a-t-il ajouté.
Avec 700 000 à 800 000 enfants vaccinés par an, ceci depuis 80 ans, période depuis laquelle les adjuvants aluminiques sont utilisés, « s’il y avait eu des problèmes, nous aurions vu émerger une crise sanitaire majeure », a répondu Agnès Buzyn, appelant à arrêter les fantasmes.
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