C’était la 85e des 110 propositions du candidat Mitterrand en 1981… La multiplication des « centres de santé intégrés », promise par la gauche de l’époque, a pourtant dû attendre plus de 30 ans supplémentaires pour se concrétiser vraiment. Entre-temps, certaines structures avaient même dû fermer dans les années 1990, faute de rentabilité, avant que le secteur ne trouve un nouveau souffle lorsque l’avancée des déserts médicaux a suscité un regain d'intérêt pour ces alternatives aux cabinets libéraux.
Et voilà donc la médecine salariée en plein boom depuis une dizaine d'années. Le plus étonnant, c'est qu'aucun gouvernement n'a véritablement programmé son essor. Sera-t-elle donc une réponse à la crise de la démographie médicale que nous traversons ? Oui, affirment les tenants de ce mode d’exercice, qui se réjouissent de voir de nombreuses collectivités locales proposer ce mode d’accès aux soins à leurs administrés. Non, avancent les représentants de la médecine libérale, qui pointent la faible productivité des centres de santé dans la prise en charge des patients. Reste que, qu’on le veuille ou non, le salariat, même s'il n'est pas l'unique solution aux problèmes du moment, apparaît néanmoins incontournable parce que dans l'air du temps.
Jadis animées par des militants de la médecine sociale souvent marqués à gauche, ces structures séduisent en effet aujourd’hui une foultitude de jeunes médecins pour des raisons beaucoup plus variées. La nouvelle génération, tournant massivement le dos à l’exercice en solo, voit d'abord dans ce mode d’exercice une façon d’éviter l’isolement. Et si les jeunes optent pour les centres de santé, c’est aussi pour échapper aux soucis des indépendants : déclarations, cotisations, paperasse, qui rebutent tant les futurs confrères et pour lesquelles ils ne sont pas formés. Au-delà, c’est aussi pour beaucoup une question de rythme et pour tout dire de qualité de vie et d'exercice : plus de temps pour soi à l’heure des 35 heures et davantage de disponibilité pour le patient aussi. Certes, tout n’est pas forcément rose dans ce « nouveau » modèle, d’aucuns parmi les praticiens des centres se plaignant parfois des pressions de leur gestionnaire. Mais sans doute ce désagrément est-il contrebalancé aux yeux des intéressés par l'absence d'obligation d'engagement sur le long terme.
Si la médecine salariée a le vent en poupe, c'est aussi parce que les acteurs publics en ont besoin. Aux yeux des élus locaux inquiets, elle offre les atouts d'une solution immédiate. Et pour les décideurs, les centres, comme les maisons de santé, ont l'avantage d'offrir un cadre pour répondre aux nouveaux besoins, face notamment à la montée en charge des pathologies chroniques et aux défis de la prévention. Et ils sont d'ailleurs engagés dans des expérimentations qui pourraient demain infuser dans le reste du système de soins. À suivre…
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes