« Regardez comme elle est belle, la campagne du Gâtinais ». Le Dr Jean-Pierre Door, 75 printemps, ne se lasse pas de la vue des blés en herbe parsemés de coquelicots, des bois et vergers de pommiers, au volant de sa voiture.
Le député-maire de Montargis est un enfant du pays, natif de Sully-sur-Loire ; et il l'assure, il connaît très bien sa circonscription, la 4e du Loiret, 75 000 électeurs. « Pour chaque élection, je me rends dans chacune des 70 mairies qui la composent ». En ce mercredi ensoleillé, il fait campagne à Villevoques, 226 habitants. Au second tour de la présidentielle, les électeurs y ont voté Marine Le Pen à 53 %, soit 20 points de plus que son score national. « Les gens se sentent délaissés », explique le maire du bourg. Le bus ne dessert pas la commune, l'internet haut débit se fait attendre et il n'y a plus de généraliste.
La télémédecine en étendard
Le Dr Jean-Pierre Door écoute, déroule son programme santé. « Il faut développer la télémédecine avec les mairies, cela permettrait de répondre à 70 % des consultations, indique-t-il, rappelant qu'il a planché sur le sujet à l'Assemblée. Une infirmière prend la tension, fait la prise de sang, et les résultats sont envoyés au médecin qui peut voir le patient par vidéo. » Les élus locaux acquiescent. Ils n'ont pas d'autres solutions face à la pénurie de médecins qui touche le Loiret. Les effectifs de généralistes y ont chuté de 15 % depuis 2010, selon les chiffres de l'Ordre.
« J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi les jeunes ne s'installent plus en libéral… », confie le Dr Door, cardiologue pendant 30 ans à la clinique locale. Il plaide pour la suppression du médecin traitant, « une idée de technocrates ». Cette difficulté ressort dans les trois autres communes où se rend le député sortant, à Fontenay-sur-Loing, Cortrat et Gy-les-Nonains. À chaque fois, il détaille ses remèdes face à la désertification des campagnes. Car l'autre cheval de bataille du député LR, c'est la défense des territoires ruraux « face aux métropoles de Paris et d'Orléans qui s'agrandissent ». Une dimension locale qu'il cultive devant le directeur du centre hospitalier de Montargis (CHAM). « Notre hôpital doit continuer à être reconnu pôle sanitaire de référence, il faut défendre cette proximité face au nouvel hôpital d'Orléans (établissement support dans le GHT du Loiret) », tranche le Dr Door.
Faire barrage au FN
La tournée se termine par une réunion publique dans le bourg de Courtenay. S'il se représente c'est « pour peser à l'Assemblée face à la nouvelle majorité », explique le Dr Door. « Macron a fait campagne sur le "dégagisme", et il a été élu par défaut », tacle-t-il. Faisant allusion à la candidate investie par la République en Marche (REM), Mélusine Harlé, qui n'est pas « du cru » comme lui, il souligne la nécessité « de connaître le territoire sur le bout des ongles ». « À mon avis, il va quand même avoir du mal », souffle un monsieur âgé au dernier rang. « M. Door a fait de belles choses ici mais il est temps de faire place au changement », suggère Mélusine Harlé, qui veut aller « au-delà des clivages gauche-droite ».
Jean-Pierre Door assure qu'il veut « empêcher la victoire du FN », arrivé en tête au premier tour de la présidentielle dans cette circonscription, et dont le candidat Ludovic Marchetti, 31 ans, a l'avantage de la jeunesse. Ce dernier se verrait bien rafler la mise en cas de triangulaire. Il affirme que le bilan du député-maire fait défaut. « Des personnels de l'hôpital, des commerçants sont peu satisfaits, veut croire Ludovic Marchetti. Et Jean-Pierre Door avait dit qu'il ne ferait que deux mandats… »
« J'ai hésité à me représenter, mais le parti m'a investi », concède l'intéressé, pas tendre sur l'affaire Fillon (« L’élection était imperdable, ce qui s’est passé est dramatique pour notre mouvement »). « Il est difficile de prévoir le résultat, mais j'espère être au second tour, ajoute l'infatigable Jean-Pierre Door. Si je suis élu, ce sera mon dernier mandat. »
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