Le Premier ministre Édouard Philippe a demandé au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation et au ministère de la Transition écologique et solidaire de lui présenter avant la fin de l’année « les conditions d’un plan de sortie du glyphosate, compte tenu de l’état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs », a-t-on appris ce matin dans un communiqué de Matignon.
« Le gouvernement arrêtera alors sa position, qu’il confrontera à celles de la Commission et des autres États membres, pour trouver les conditions d’une transition raisonnable vers la sortie du glyphosate, ajoute le communiqué. Le gouvernement réaffirme son engagement d’obtenir avant la fin du quinquennat des progrès significatifs vers l’interdiction de l’usage des substances dangereuses et vers une agriculture moins dépendante aux pesticides. »
Un renouvellement de l'autorisation avant le 15 décembre
Cette déclaration intervient quelques jours après que le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a évoqué la possibilité d'une prolongation « de 5 à 7 ans » de l'usage de ce désherbant star de Monsanto (vendu sous le nom de Roundup), au lieu des 10 ans souhaités par la commission européenne.
Le renouvellement de l'autorisation européenne de commercialisation du glyphosate fait l'objet d'un intense débat. La décision des États membres aurait normalement dû être prise en juin 2016. Face à l'impossibilité d'obtenir une majorité qualifiée (la France figurant parmi les principaux opposant au renouvellement de l'autorisation de commercialisation), la commission avait accordé une prolongation temporaire de 18 mois.
Plusieurs avis scientifiques, parfois contradictoires, ont depuis été publiés : le centre international de recherche sur le cancer (Circ) classe le glyphosate dans la catégorie des « cancérogènes probables », tandis que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) le qualifie de « probablement pas cancérogène » dans la lignée des conclusions de l'agence européenne des produits chimiques (ECHA). Les conclusions de l'EFSA et de l'ECHA avaient par ailleurs suscité de nombreuses critiques.
Suite à ces avis, la commission européenne avait proposé le renouvellement de l'autorisation du glyphosate en juillet dernier. En réaction, le ministre de la Transition énergétique Nicolas Hulot a affirmé en août que la France voterait contre cette proposition lors de sa présentation entre novembre et décembre prochain (l'autorisation temporaire délivrée par la commission européenne prendra fin le 15 décembre).
Le monde agricole opposé
La prise de position d'Édouard Philippe sonne comme une reconnaissance du caractère inéluctable de la prolongation d'autorisation de commercialisation du glyphosate, et une volonté d'en limiter les conséquences. Le gouvernement va devoir composer avec la grogne d'une partie du monde agricole : 200 agriculteurs ont manifesté sur les Champs-Elysées vendredi matin pour le maintien du glyphosate qui leur permet d'obtenir des rendements comparables à ceux des céréales et des produits agricoles importés utilisant aussi ce désherbant. La présidente de la FNSEA Christiane Lambert a pour sa part estimé qu'il était « hors de question » que la France prenne une position unilatérale, différente du résultat du vote européen.
En matière d'usages non agricoles, l'utilisation du glyphosate par les collectivités dans les espaces ouverts au public est déjà interdite en France depuis le 1er janvier 2017, et l'utilisation par les particuliers sera interdite à partir du 1er janvier 2019.
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