M. Mélenchon ne mérite pas pour autant d'être absous et il ne le sera pas tant qu'il ne prendra pas la décision, sans doute très douloureuse pour lui, de présenter ses excuses à tous ceux qu'il a si copieusement insultés. C'est que ce corps « sacré » qu'il a présenté imprudemment aux policiers et aux juges comme un rempart contre la barbarie nous a effrayés, moins par la violence dont il semblait capable que par les mots qu'il a assénés comme des coups de poignard à tout ce qui fait notre existence démocratique, l'indépendance de la justice qu'il a contestée avec perversité, un droit unique applicable à tous, y compris à celui qui se prend pour le seul représentant de la République, et enfin le minimum de civisme et de civilité indispensable aux relations entre les citoyens.
Le chef de LFI a-t-il vraiment cru qu'il pouvait intimider, par l'injure et la menace, la justice, la police, les institutions ? A-t-il cru que, grâce à une prestation guignolesque, il ferait reculer cette justice si entêtée ? A-t-il pensé que sa révolte entraînerait un soulèvement populaire ? Il se serait contenu en tout cas s'il n'avait pensé que son immense éclat, problement plus mûrement réfléchi que spontané, lui vaudrait un regain de popularité. Nombreux sont ceux qui ont remarqué l'absence totale de deux de ses militants les plus connus, Clémentine Autain et François Ruffin, pendant la séquence de la perquisition. M. Ruffin, un élu qui passe son temps à brocarder l'Assemblée en portant des tenues fantaisistes et des affichettes de revendications, aurait pu pourtant être séduit par la forme du spectacle. Sans doute a-t-il compris que l'on peut défendre une cause sans franchir les limites du bon goût, et sans contester le travail des juges. D'autres nous expliquent gravement que le malaise au sein de la France insoumise est perceptible ; d'autres, enfin, estiment qu'il y a chez les Insoumis un début de lassitude à l'égard d'un chef qui peine à incarner Jupiter à son tour et substitue la vocifération à l'autorité.
Quelle alternative à Macron ?
Ce qui est sûr, c'est que la comparaison entre la prestation télévisée de Marine Le Pen dans l'entre-deux tours et la scène de Mélenchon du 16 octobre dernier est valable. La forme actuelle du Rassemblement national et celle à venir de LFI pourraient donc se ressembler. Il est quelque peu regrettable que le dynamisme des partis soit relatif et dépende moins de leur propre vigueur que de la faiblesse des autres. Mais le combat politique consiste principalement à savoir saisir une bonne occasion. La République en marche tentera sans doute de tirer un bénéfice des déboires auxquels son caractère exécrable a exposé M. Mélenchon. Il n'est pas difficile de démontrer que l'extrême gauche, dont le président de la République a fait son adversaire prioritaire, avec peut-être l'intuitiont que l'autre est moins fragile, traverse une mer très agitée et que la mauvaise foi de ses militants qui ont tous vu dans la perquisition un complot du pouvoir, ce qui est faux et en tout cas impossible à prouver, réduit encore leur crédibilité.
L'affaire, qui est peu de choses en elle-même, souligne le sentiment lancinant de l'opinion, toujours prête à se prononcer contre les actions du gouvernement mais qui, depuis les élections de 2017, n'a pas encore trouvé d'alternative au macronisme. Il aurait été préférable que celui-ci s'imposât par une politique comprise et applaudie, mais on ne peut pas non plus rêver. Ces jours-ci ne lui sont un peu plus favorables qu'à cause de la médiocrité des solutions alternatives.
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