« On ne peut que se féliciter de la place accordée à la santé des enfants et des adolescents dans la stratégie nationale de santé. Nous avons le sentiment que la voix de la pédiatrie a été entendue, et que nous avons donc eu raison de nous mobiliser pour rappeler à nos décideurs politiques que la santé des enfants doit être une priorité », indique la Pr Brigitte Chabrol, présidente du Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP).
En 2017, le CNPP avait publié, avec la Société française de pédiatrie (SFP), 15 propositions à l’intention des candidats à l’élection présidentielle. « L’objectif était de leur faire prendre conscience de la nécessité de mettre en place une nouvelle vision de la médecine de l’enfant et de l’adolescent. En préambule de ces propositions, nous faisions le constat que l’enfant, aujourd’hui, demeure orphelin d’une vision globale des politiques de santé. Sa santé n’est envisagée que par la juxtaposition de thématiques diverses et non coordonnées, sans approche transversale », déplore la Pr Chabrol.
Une vision large
La SPF et le CNPP soulignaient alors la nécessité de penser les politiques de prévention de façon globale en intégrant les dimensions familiales, économiques, scolaires et environnementales aux thèmes de santé. « Le développement et le bien-être de l’enfant doivent être le fil conducteur des politiques de santé, de la conception de l’enfant à son arrivée à l’âge adulte », soulignaient les deux instances. Elles invitaient les responsables politiques à prêter « une attention toute particulière aux situations de vulnérabilité, et notamment aux enfants nés prématurés et à ceux en situation de handicap », en insistant sur le fait qu’il fallait rester « plus que jamais vigilant à la situation des enfants vivant dans des conditions de précarité ».
Et visiblement, le message est passé. Bon nombre de thèmes mis en avant par la SFP et le CNPP ont été largement repris dans la stratégie nationale de santé 2018-2022, présentée en décembre 2017 par la ministre Agnès Buzyn puis dans la réforme du système de santé dévoilée en septembre 2018 à l’Élysée par Emmanuel Macron. « Nous avons été contents de voir que, dans la stratégie nationale de santé, un chapitre entier est consacré aux priorités spécifiques à la politique de santé de l’enfant et de l’adolescent », souligne la Pr Chabrol.
Un axe de prévention
En 2017, les pédiatres proposaient d’accompagner « les parents dès la période prénatale » dans une démarche de réduction des risques pour la santé de l’enfant. De son côté, la stratégie nationale de santé préconise d’agir « dès la grossesse, à l’accouchement et durant la période néonatale sur les facteurs qui peuvent affecter la santé et le développement psychomoteur des enfants, et/ou favoriser la survenue de maladies chroniques à l’âge adulte ». Et, comme le demandaient les pédiatres, le gouvernement a aussi annoncé un renforcement des services de PMI (lire p. 29).
D’autre part, le gouvernement souhaite renforcer le dépistage néonatal et garantir l’accès au diagnostic prénatal (lire p. 36). Il préconise également un soutien à l’intervention des professionnels libéraux (médecins, dentistes…) en matière de dépistage auprès des jeunes enfants, notamment des troubles visuels et des troubles du langage, en lien avec l’Éducation nationale, les modes d’accueil formels (crèches, assistants maternels…) et les services de santé scolaire. Autre mesure annoncée : la réalisation des bilans de santé par les services de PMI à l’école maternelle (dès 3 ans) et par les services de santé scolaire (à 6 ans), le but étant qu’en 2020 tous les enfants de 6 ans et plus aient bénéficié d’une visite préventive, « en facilitant le lien entre médecine scolaire et médecine de premier recours sur le territoire concerné », précise la Pr Chabrol (lire p. 5).
La pédiatrie n’est pas une juxtaposition de médecines indépendantes
Entretien avec la Pr Brigitte Chabrol, présidente du Conseil national professionnel de pédiatrie
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes