Les médecins spécialistes ne veulent pas être les oubliés de la prochaine convention. Alors que l'essentiel des discussions porte actuellement sur la revalorisation de la consultation des généralistes, l'UMESPE, branche spécialiste de la CSMF, veut remettre toutes les disciplines médicales au cœur des débats. « Une offre de soins de proximité ne peut pas se faire sans les médecins spécialistes », défend le Dr Patrick Gasser, président de l'UMESPE. Or le syndicat dresse un bilan très négatif de la convention de 2011, estimant qu'elle se traduit par des « conditions d'exercice difficiles », une « stagnation des revenus », « des délais de rendez-vous plus importants »...
Le syndicat souhaite avant toute chose renforcer l'accès des Français à la médecine spécialisée libérale. Pour ce faire, l'UMESPE mise sur de nouvelles organisations, l'exercice regroupé, les équipes de soins spécialisées ou les consultations avancées en cabinets secondaires. « Nous devons aller plus loin que les maisons de spécialistes, qui existent déjà. Il faut nous associer aux généralistes au sein de mêmes maisons. Rien n'oblige à le faire de façon constante : cela peut être des consultations certains jours de la semaine ou alors dans le cadre de la télémédecine », explique le Dr Gasser. Le président de l'UMESPE plaide aussi pour le travail aidé et le salariat d'infirmières, de kinés. Très favorable aux nouvelles technologies, l'UMESPE se positionne en faveur de l'intervention des médecins spécialistes sur les « sites marchands de téléconseil ».
Trois niveaux de tarifs
L'UMESPE réclame une nouvelle hiérarchisation des consultations. « Il faut changer de paradigme et créer trois niveaux de consultation pour rémunérer l'expertise. Si vous me payez 25 euros, je ne peux pas développer ce que je veux. Mais si on me paye 50 euros je vais faire des consultations plus longues », s'exclame-t-il. L'UMESPE suggère la création de trois niveaux de consultation. À côté de la consultation de base correspondant aux actes « tout venant » (la CSMF souhaite que sa valeur minimale soit portée à 30 euros), un deuxième niveau permettrait de rémunérer des consultations approfondies (pouvant être cotées C2). L'UMESPE revendique un troisième niveau pour « les situations longues et complexes », telles que les patients polypathologiques, les deuxièmes avis en rhumato ou en médecine fonctionnelle par exemple, les consultations pour handicap ou autisme. Ces consultations qui peuvent durer une heure devraient être cotées à hauteur 100 euros, selon le Dr Gasser.
Ces revendications tarifaires ont un coût. L'UMESPE estime qu'une convention « en dessous de 3 milliards d'euros n'est pas possible ». Problème : le directeur de l'assurance-maladie a déjà prévenu que l'enveloppe pour la prochaine convention se chiffrerait « en millions, pas en milliards ».
Le syndicat souhaite que les organismes complémentaires s'engagent dans la future convention à prendre en charge une partie du coût du virage ambulatoire, à hauteur d'un milliard d'euros, notamment dans le cadre du contrat d'accès aux soins (CAS) de modération tarifaire qu'il souhaite faire évoluer. Afin de garantir le maintien de l'innovation et de la qualité des soins, l'UMESPE n'exclut pas le maintien d'un reste à charge pour les patients. « On ne peut plus rester dans le même système. Tout comme on ne peut plus travailler 10 heures par jour au tarif opposable. Il faut ouvrir un espace de liberté tarifaire à tous les médecins », insiste le Dr Gasser. L'UMESPE veut enfin étendre la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) à toutes les spécialités – elle n'est aujourd'hui accessible qu'aux cardiologues et aux gastroentérologues.
La protection sociale, l'autre enjeu de la négo
Dernier point sur lequel le syndicat met l'accent, la protection sociale. « Les médecins en secteur I ont fait un choix social, mais ne bénéficient pas d'une couverture en cas d'arrêt maladie, il faut qu'ils soient pris en charge par la CNAM », avance le Dr Gasser. L'UMESPE souhaite que l'avantage maternité (environ 3 100 euros par mois pendant trois mois) annoncé par Marisol Touraine concerne toutes les femmes médecins quel que soit leur secteur d'exercice. Le syndicat réclame par ailleurs le maintien de la prise en charge par l'assurance-maladie des 2/3 des cotisations sociales à la retraite ASV des spécialistes de secteur I.
Reste à savoir ce que retiendra la CNAM de ces propositions. Les négociations conventionnelles doivent aborder l'avenir des spécialités cliniques puis techniques les 23 et 31 mars.
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