Les cinq intersyndicales de praticiens hospitaliers (Avenir Hospitalier, CMH, CPH, INPH et SNAM-HP) dénoncent d'une même voix la « maltraitance » dont est selon eux victime une consœur suspendue par la direction du centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts (Paris).
Les faits remontent à janvier 2014. Une PH pharmacienne, 25 ans de carrière, est suspendue à titre conservatoire pour « sécuriser l'établissement ». La décision est jugée arbitraire par les intersyndicales. « C'était un épisode verbal entre deux praticiens qui ne menaçait en aucun cas la sécurité de l'établissement, ni des patients », explique Jacques Trévidic, président de la Confédération des praticiens hospitaliers (CPH).
Selon les centrales, la procédure actuelle de suspension doit être remise à plat. « Aujourd'hui la suspension par la direction ne comporte officiellement ni obligation de motivation, ni limitation de durée », ajoute Jacques Trévidic.
La PH visée décide de saisir la cour administrative d'appel. Cette dernière annule la décision de la direction fin mars 2016 et impose le retour de la pharmacienne dans son service le 1er avril 2016.
Nouvelle suspension
Or, le jour de son retour, la direction contre-attaque en adressant un courrier « lui signifiant qu'elle est opposée à sa reprise de ses fonctions », note l'intersyndicale. La pharmacienne ne reviendra pas et sera de nouveau suspendue à tire provisoire, le 7 juin 2016.
Les cinq centrales syndicales pointent du doigt un déni de justice et un problème dans le management, allant jusqu'à évoquer un harcèlement moral. « Le rôle du manager est d'apaiser. Ici la direction n'a rien fait, aucune mesure n'a été prise pour permettre son retour », s'insurge Jacques Trévidic.
Avenir Hospitalier, la CMH, la CPH, l'INPH et le SNAM-HP exigent aujourd'hui la levée immédiate de la suspension du praticien parisien. Ils réclament l'ouverture d'une enquête administrative orchestrée par le centre national de gestion (CNG) afin de faire la lumière sur les pratiques managériales au sein du centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts. « Une telle décision de police intérieure de la part d'un directeur ne doit relever que d'un motif de danger public manifeste au sein de son établissement, motif suffisamment grave pour que nous en prenions connaissance », affirment-ils.
Le management mis en cause
Une note a également été envoyée au ministère de la Santé. « Il y a une augmentation du nombre de cas de maltraitance institutionnelle. Il y a un vrai problème de fond dans le management des hôpitaux publics. Ce n'est plus possible de rester dans ces conditions », conclut Jacques Trévidic. En avril dernier, l'ancien chef du service réanimation du centre hospitalier de Valenciennes (Nord) avait été également suspendu à titre conservatoire par la direction de l'établissement après avoir rencontré un différend.
Contactée par le « Quotidien », la direction des Quinze-Vingts assure que « la procédure habituelle a été respectée et que l’affaire est toujours en cours au tribunal administratif ».
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