« Au service du médecin, dans l'intérêt des patients », l'Ordre dispose d'une chambre disciplinaire au sein de laquelle sont réglés les litiges et conflits entre patients et praticiens – quand ce ne sont pas les confrères qui s'affrontent entre eux ! Actuel président de l'Ordre des Hauts-de-Seine, le Dr Christian Hugue a auparavant été en charge de la commission de conciliation et des litiges. Aujourd'hui également vice-président de l'Ordre régional, il exerce à ce titre un rôle d'assesseur dans les missions disciplinaires.
C'est dire si ce médecin vasculaire (en cabinet libéral et à l'hôpital) connaît bien cette instance disciplinaire « particulièrement riche d'événements et d'anecdotes », précise-t-il dans le prologue d'un livre publié sous le titre « Maux de médecins ». Il y recense une trentaine de cas – plaintes de praticien ou de patient – qui sont autant de tranches de vie éclairant d'une lumière pas toujours flatteuse la condition humaine.
On y découvre ainsi l'histoire d'un praticien marié qui entretient une liaison avec une charmante visiteuse médicale. Mais voilà qu'un jour, recevant en consultation un patient du monde de la pègre, il en vient à lui proposer d'éliminer le mari de sa maîtresse… Le malfrat n'éliminera pas l'époux mais dérobera chez lui quelques objets et un chéquier. Rattrapé par la police, il révèle l'affaire : le médecin est condamné à 5 ans de prison, mais l'Ordre se saisira également du dossier. Le praticien a été radié à vie.
Parfois, un médecin attaque un de ses confrères. Le fils d'un éminent professeur de médecine, chef de service d'un grand hôpital parisien, fit un jour une mauvaise chute de ski. Amené au cabinet médical de la station, il subit des examens et reçoit un traitement d'analgésiques. Le médecin, considérant l'heure tardive, la prise en charge en urgence et le matériel non facturé, applique une majoration de 72 euros. Ce supplément n'est pas du goût du père médecin qui porte plainte devant la chambre disciplinaire pour non-respect des tarifs opposables. L'institution ordinale juge abusive le recours du professeur et lui inflige une amende de 600 euros…
Au fil des pages, on découvre aussi l'histoire d'une patiente phobique des microbes et qui attaque son médecin pour ne pas s'être suffisamment lavé les mains, un couple de praticiens qui se dispute devant la chambre disciplinaire… avant de se marier, ou encore un spécialiste de la PMA qui prétend soigner le vaginisme primaire d'une de ses patientes en la convainquant d'avoir des relations sexuelles avec son compagnon, les yeux bandés, mais en présence du praticien et sous sa direction (le médecin écopera de deux ans d'interdiction d'exercice dont un avec sursis).
« À l'Ordre, je reçois 300 plaintes par an, précise le Dr Hugue au "Quotidien". Certaines d'entre elles amusent, d'autres perturbent, par moments c'est du Zola. Ces histoires montrent que les médecins, comme leurs patients, ont leurs failles et leurs faiblesses ». Christian Hugue a presque achevé le tome II de ces « Maux de médecins ».
* « Maux de médecins, à travers les Fabula simplex »,164 pages, 18 euros, Éditions Anfortas
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