L’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est employée à expliquer qu'elle n'avait en rien minimisé l'épidémie dans sa gestion de la crise sanitaire, lors d’une longue audition mercredi devant la commission d’enquête du Sénat. Au bord des larmes à la fin de cette audition, elle s'est défendue de toute « incompétence », assurant que « peu de ministres ont été autant en action et en alerte » en Europe face à la menace du nouveau coronavirus.
Propos tronqués et menaces
La sénatrice LR Catherine Deroche, rapporteure de la commission, avait tiré la première. « Quelles étaient les données scientifiques sur lesquelles vous vous êtes appuyée pour déclarer le 24 janvier que le risque d’importation du virus était pratiquement nul et son risque de propagation très faible ? », a-t-elle lancé (alors que les premiers cas étaient détectés en France le soir même).
« Des propos tronqués », a objecté Agnès Buzyn, citant l’intégralité de sa déclaration – dans laquelle elle envisageait une évolution possible dans les prochains jours si davantage de villes en Chine ou de pays étaient touchés –, « afin de clore (...) cette forme de procès en incompétence que je ressens ». « La diffusion permanente de propos tronqués a grandement contribué aux menaces de mort dont j'ai fait l'objet sur les réseaux sociaux », a-t-elle recadré, très émue.
L'ex-ministre a repris la longue chronologie des événements (niveaux d'alerte déclenchés, demandes d'information auprès de ses services, messages d'alerte aux établissements et aux libéraux et jusqu'au plan ORSAN) pour défendre sa politique. « Un journal a fait penser que l'appareil d'État ne s'était pas mis en branle. C'est faux. Les Français doivent savoir la chronologie et l'action du gouvernement », a-t-elle insisté.
Plusieurs scénarios
À partir du 22 janvier, l'OMS informe du risque de transmission inter-humaine du coronavirus. Le lundi 27 janvier, « je décide de monter le niveau d'alerte ». Agnès Buzyn souligne qu'elle réclame un état de lieux des stocks d'équipements de protection – notamment de masques – ainsi que du nombre de lits de réanimation et de respirateurs, et lance une première commande d'un million de masques FFP2, absents des stocks stratégiques d'État.
« Je ne peux pas dire que l'appareil d'Etat ne s'est pas mis en marche. On n'a pas cessé d'agir », souligne-t-elle. L'ancienne ministre explique avoir commandé à Santé publique France « trois scénarios d'évolution de l'épidémie en 24 heures » et aux structures de recherche « un protocole de recherche » avec les médicaments disponibles. « Toutes ces décisions étaient sous le radar des experts qui n'ont pas cessé de minimiser le risque dans les médias », a-t-elle répliqué.
Les masques pas une préoccupation
La gestion des masques ? Agnès Buzyn n'a pas eu connaissance du courrier d'alerte adressé par Santé publique France à la DGS en septembre 2018, qui informait de la péremption d'une part importante du stock stratégique de masques et recommandait d'en racheter massivement. « J'arrive au ministère de la Santé en 2017 et personne ne m'a informée sur les stocks stratégiques », a-t-elle avoué. Elle a assuré néanmoins qu'une commande a été passée « très vite » par la DGS, commande effectuée que « neuf mois » plus tard. « Les masques n'étaient pas une préoccupation à l'époque ».
Les réponses n'ont pas convaincu Laurence Cohen, sénatrice CRCE du Val-de-Marne. « Quand on entend le déroulé des décisions prises, je ne vois rien à redire. Mais comme on connaît les résultats, il y a quelque chose qui ne colle pas. » Agnès Buzyn est restée sur sa ligne. « J'étais au front tous les jours. »
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