La droite peut-elle reconquérir le corps médical ? Difficile à ce stade de la campagne de hasarder une réponse, mais il est clair qu'elle s’y emploie. Le grand entretien que Valérie Pécresse a accordé au « Quotidien du Médecin » la semaine dernière – et dont nous publions l’essentiel dans ce numéro — marque à l’évidence le début d’une vaste entreprise de séduction. La candidate LR s’y prononce notamment pour un plan de revalorisation conséquent au bénéfice des libéraux et pour une large refonte de la gouvernance des établissements de santé dont les praticiens hospitaliers seraient les pivots, deux sujets d’impatience manifeste dans la profession. La présidente de la région Île-de-France se prévaut par ailleurs de son expérience de terrain pour promouvoir des solutions de bon sens afin de réformer les ARS ou s’attaquer aux déserts médicaux. Enfin, elle entend montrer qu’elle a compris les urgences du moment : pénurie médicale, retards accumulés de prise en charge pendant la pandémie, situation critique en santé mentale… Tout un programme, qui sans oublier les usagers du système de soins (priorité à la santé des femmes et des enfants, droit de cité pour les patients), (re)place les blouses blanches au cœur du système.
Les médecins seront-ils sensibles à cette attention ? Sur notre site internet, les nombreuses réactions au plaidoyer santé de Valérie Pécresse oscillent pour l’heure entre approbation enthousiaste, incrédulité et franches critiques. Certains attendent visiblement des gages supplémentaires pour accorder leur confiance à la représentante d’une famille politique qui a souvent recueilli les suffrages des médecins, mais n’a plus été aux commandes depuis une décennie.
Entre la droite et les médecins, les relations ont connu des hauts et des bas ces 30 dernières années. Le plan Juppé, mais aussi les années Bachelot avenue de Ségur ayant laissé de mauvais souvenirs dans la profession. En 2017, l’ascension d’Emmanuel Macron n’avait pas laissé indifférent le corps médical, les sondages de l’époque attestant d’un intérêt marqué pour le candidat d'En Marche, dont le libéralisme affiché n’était pas pour déplaire à une frange non négligeable de cette corporation. Cinq ans plus tard, les médecins lui seront-ils reconnaissants d’avoir géré tant bien que mal la pire crise qu’ait connue notre système de soins ? Ou bien lassitude, fatigue et ressentiments aidant, préféreront-ils l’alternance ? Petite-fille de médecins, comme elle aime à le rappeler, Valérie Pécresse pourrait bénéficier de ce ras-le-bol accumulé sur lequel elle surfe habilement. Mais pour la candidate de la droite, la campagne ne fait là aussi que commencer.
Exergue : Petite fille de médecins, comme elle aime à le rappeler, Valérie Pécresse pourrait bénéficier du ras-le-bol des médecins sur lequel elle surfe habilement
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