À Paris, le CALM des Bluets prend déjà en charge la grossesse « autrement »

Publié le 28/02/2013
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Crédit photo : S TOUBON

DANS la maison de naissance de l’association « Comme à la maison » (CALM), à Paris, on rentre par le salon, pièce à vivre simple et coquette, baignée de lumière hivernale. Une petite cuisine américaine tout équipée permet de concocter biberons et café. En face des deux cabinets de consultation des sages-femmes, une salle est consacrée à la pratique du yoga, de la sophrologie et de la gymnastique prénatale. Au sol, trois poupons attendent le cours de préparation à l’allaitement. Deux chambres aux couleurs chaleureuses, équipées d’une baignoire (et pour l’une d’elle d’une suspension qui permet d’accoucher debout), sont prêtes pour les futures parturientes, accueillies par des dizaines de faire-part de naissance accrochés aux murs. Nulle trace de blouses blanches ou de ces odeurs propres à l’hôpital.

227 nouveau-nés.

Le CALM est l’une des très rares structures en France qui ressemble à une « vraie » maison de naissance. Attenants à la maternité des Bluets (privé à but non lucratif, type I), les locaux de 160 m2 bénéficient de leur propre entrée. Quatre sages-femmes (dont deux à mi-temps) libérales y officient. Elles pratiquent des dépassements d’honoraires. En cas de difficultés financières, elles fonctionnent au cas par cas.

Depuis le 12 septembre 2008, date de l’accouchement du premier bébé du CALM, 227 nouveau-nés ont vu le jour. L’accouchement a toujours lieu à la maternité. « Lorsque la dilatation est autour de 8 cm, j’emprunte avec la patiente une porte qui mène à un ascenseur tout proche, détaille Lætitia Inthavong, sage-femme de 31 ans. Un étage plus haut, il s’ouvre directement sur le plateau technique ».

En quatre ans et demi d’existence, aucune patiente n’a été brancardée. 151 ont été suivies en accompagnement global et 76 (33 %) transférées sous la responsabilité de la maternité. « Bébé positionné en siège, hémorragie de la délivrance, anomalie du rythme cardiaque, prématurité, pathologies… Les raisons du transfert diffèrent selon le niveau d’avancement de la grossesse », précise Lætitia Inthavong.

600 euros de reste à charge.

Ingénieur en informatique, Mélina, 30 ans, tient dans ses bras Victor, âgé de sept semaines. Les raisons de son choix ? « Je n’ai pas refusé la péridurale par pur masochisme, raconte-t-elle dans un sourire. Les médecins, l’hôpital m’angoissent. Le CALM est sécurisant. Une sage-femme a été mon interlocuteur privilégié tout au long de ma grossesse, et je savais qu’un filet de sécurité existait au-dessus de ma tête ».

Claire, 34 ans, nous parle « d’état d’esprit ». Elle a accouché deux fois en maternité classique puis a décidé, pour son petit dernier, d’aller au bout de sa logique. « La grossesse n’est pas une maladie », assène-t-elle. Et puis, « se réveiller après une péridurale comme si de rien n’était, avec un enfant sur le ventre », non merci.

Daniel et Maira, jeune couple brésilien résidant à Paris depuis près d’un an, ont choisi le CALM par rejet de la culture médicale de leur pays. Le Brésil possède le taux le plus élevé de césariennes au monde (jusqu’à 80 % en clinique). Maira préfère « payer plus cher ici plutôt que d’être accouchée gratuitement en maternité mais pas selon [s]es choix ». Après une heure trente de consultation (30 minutes de médical, une heure de préparation à la naissance), le couple devra payer 65 euros, dont 54,60 remboursés par la Sécu. Pour un suivi au CALM « classique » (sept rencontres en anténatal, accouchement, quatre visites à domicile et une visite postnatale), le reste à charge total s’élève à 664,80 euros.

Aujourd’hui, le CALM refuse 50 % de femmes enceintes faute de place. Corinne Adler, sage-femme fondatrice de l’association, se réjouit du début des discussions au Sénat sur l’expérimentation des maisons de naissance. Mais elle prévient : « On doit augmenter le nombre de structures, pas forcément leur surface, et encore moins le nombre de parturientes par sage-femme ». Sa limite personnelle est à quatre accouchements par mois.

 A.B.-I.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9222