Paris veut en finir avec l'épidémie de VIH/sida : les propositions du rapport Lert

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Publié le 01/02/2016
HIDALGO

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Crédit photo : S. TOUBON

La maire de Paris Anne Hidalgo a reçu ce lundi le rapport « vers Paris Sans Sida » de l'épidémiologiste France Lert, détaillant les mesures concrètes pour mettre fin à la transmission du VIH dans la capitale d'ici à 2030. Selon l'auteure, par ailleurs directrice de l'unité INSERM 687 « Santé publique et épidémiologie des déterminants professionnels et sociaux de la santé » (hôpital Paul-Brousse), environ 20 000 Parisiens sont infectés par le VIH, dont 90 % d'hommes ayant des relations avec des hommes (20 % des HSH parisiens seraient infectés) et de migrants. Ce sont ces deux populations qui sont plus particulièrement ciblées par les propositions du rapport.

 

Un plan en 5 programmes

 

Concrètement, le plan se décompose en 5 programmes spécifiques aux HSH, aux migrants, aux personnes trans, aux travailleuses du sexe et aux personnes vivant avec le VIH.

Les propositions de France Lert s'articulent autour du concept de « prévention combinée » avec notamment l'ouverture de l'accès à la prophylaxie pré-exposition figure (PrEP) qui figure en bonne place parmi les nouvelles stratégies de prévention de l'infection par le VIH, surtout depuis l'annonce de son autorisation par Marisol Touraine, du remboursement du Truvada (emtricitabine/fumarate de ténofovir disoproxil, Gilead) dans cette indication et la publication d'une recommandation temporaire d'utilisation par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Le soutien au bien-être des patients homosexuels, soumis à une forte pression sociale est également à l'ordre des préoccupations du rapport qui propose l'intervention de psychiatres et de psychologues formés aux enjeux de l'homosexualité. La lutte contre la précarité et pour l'accès aux soins étant quant à elle présentée comme un moyen de choix de lutter contre l'épidémie dans la population des migrants.

Pour les personnes vivant avec le VIH, le rapport préconise la promotion des alternatives à la prise en charge hospitalière. Le projet de maison médicale pluridisciplinaire défendu par l'équipe du Pr Pierre Marie Girard (hôpital Saint-Antoine) faisant intervenir des médecins libéraux pour le suivi des patients séropositifs est notamment évoqué. « C'est un projet que nous proposons depuis longtemps sans succès, explique le Pr Girard, mais on nous a toujours refusé les 300 000 euros de fonds d'amorçage nécessaire pour nous lancer et recruter des postes de supports comme une infirmière coordinatrice. »

Ce plan « n'a pas pour but de réécrire les recommandations de l'OMS ou du rapport Morlat, mais de proposer des mesures concrètes pour mettre fin à la transmission du VIH à Paris d'ici à 2013 », explique l'épidémiologiste France Lert.

 

La prévention pêche par le dépistage

 

« Je vais me tenir à vos propositions », a promis Anne Hidalgo qui a annoncé la constitution d'un comité stratégique, dirigé par Bernard Jomier, adjoint à la mairie de Paris chargé des questions relatives à la santé, au handicap et aux relations avec l'Assistance publique. Les membres de ce comité seront recrutés « parmi les 120 personnes qui ont participé aux groupes travail de ce rapport, dont des chercheurs et des membres du monde associatif, précise Bernard Jomier, nous tiendrons une conférence annuelle durant laquelle l'ensemble des acteurs feront le point sur la mise en place des mesures. » Les premières mesures devraient être appliquées à l'été 2016.

Pour certaines mesures, « les financements publics ne seront pas suffisants », prévient Bernard Jomier, qui cite l'exemple des autotests VIH dont le prix de 28 euros « grève l'accessibilité ». La mairie de Paris va donc mettre en place une structure capable de recueillir des fonds publics et des fonds privés pour financer le programme d'élimination du VIH. « La mairie de Paris consacré déjà 3 millions d'euros à la lutte contre le VIH », rappelle Anne Hidalgo.

À Paris, le nombre de nouvelles infections (585 découvertes de séropositivité par million d'habitants en 2014) est 5 fois plus élevé que dans le reste du pays.


Source : lequotidiendumedecin.fr