Un nouveau rapport de la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte d'Azur publié pointe « la gestion défaillante » de l'Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM), troisième hôpital public de France après Paris (AP-HP) et Lyon (HCL).
La chambre régionale des comptes dresse un tableau sombre de la gestion des hôpitaux marseillais entre 2009 et 2016, regrettant notamment que « les insuffisances dénoncées à maintes reprises dans plusieurs rapports » précédents et « les nombreuses recommandations faites dans le passé [aient] été peu suivies ».
Soulignant une « instabilité de la direction générale » et « une opacité comptable qui a masqué la réalité du déficit » de 2009 à 2013, les magistrats dénoncent une « absence de stratégie » et « un pilotage à vue » de l'AP-HM, mastodonte de 15 000 salariés répartis sur cinq sites à travers la ville.
La chambre critique également l'absence de rapport annuel d'activité, pourtant obligatoire, depuis 2014, ainsi que le manque de projet d'établissement ou de projet médical, là encore obligatoires, entre 2013 et la fin 2016.
« Dérives » sur les actes médicaux
Côté recettes, la chambre a constaté – entre autres « anomalies dans le processus de facturation » – une pratique peu développée du « paiement comptant », un constat « pour le moins paradoxal » compte tenu des difficultés de trésorerie d'un établissement endetté à hauteur d'un milliard d'euros selon les derniers chiffres, avec un déficit cumulé de 550 millions d'euros.
Côté médical, la cour étrille certaines pratiques opaques ou « injustifiées », sources de « dérives », comme l'externalisation de certains actes médicaux. Elle prend l'exemple d'échocardiographies sur fœtus ou nouveaux nés réalisés par un cabinet libéral plutôt qu'à l'hôpital Nord. « Il s’agit du cabinet d’un médecin libéral qui assure une vacation d’une demi-journée par semaine dans ce même pôle. Ces déplacements ont été motivés dans le formulaire par l’urgence des examens […]. Or ce site dispose de l’équipement nécessaire pour réaliser un tel acte, qui n’exige au demeurant pas une technicité élevée ».
Même anomalie pour certains actes de biologie réalisés en ville. « L’établissement subit des pertes de recettes dans le cas des patients externes, ce qui est paradoxal pour une institution qui pâtit d’une sous-activité », ironise la Cour. Elle recommande de mettre en place une procédure de recours aux actes extérieurs « et d'en assurer le respect ».
Plan de modernisation
La chambre a enfin constaté « un manque de traçabilité » de l’activité libérale des praticiens de l’AP-HM. Les obligations réglementaires relatives à l’affichage des plannings et des tarifs des consultations privées sont « peu respectées ».
Quant à certaines dépenses, elles sont tout simplement « injustifiées », accuse la chambre régionale en citant ces quelque 17 000 euros dépensés en taxis en 2014 puis 2015 pour transporter les internes entre les différents sites de l'AP-HM, alors que l'hôpital possède pourtant une flotte de 274 véhicules de service...
Pour sortir de la crise, l'AP-HM mise sur un « plan de modernisation » de 300 millions d'euros, dont elle espère voir 50 % financé par l'État. Mais les syndicats redoutent des conséquences sur l'emploi, avec l'évocation de 800 à 1 000 postes supprimés en contrepartie, dont 300 à 400 parmi le personnel soignant.
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