Dans l'œil du cyclone depuis ce week-end, la plateforme de prise de rendez-vous médicaux, Doctolib, est accusée de faire la promotion des médecines alternatives non reconnues par la science. Parmi eux, des naturopathes, pointés du doigt par des médecins internautes, accusés de mettre en avant des méthodes non conventionnelles et dangereuses pour les patients.
En première ligne dans la lutte contre la désinformation médicale et les pratiques relevant du charlatanisme, le collectif NoFakeMed est monté au créneau : « Les naturopathes, iridologues, médiums, urinothérapeutes, et autres professionnels radiés reconvertis dans des pseudomédecines ne doivent pas être présentés comme des professions de santé », écrit l'association.
La sécurité des patients n'est pas à vendre.
— NoFakeMed (@fakemedecine) August 22, 2022
Ne pas les exposer à des dérives sectaires, c'est le minimum. https://t.co/AfZ73WkTzr
Appelé à intervenir, l'Ordre national des médecins s'est fendu d'un communiqué priant la société de renforcer ses règles éthiques pour ne pas laisser « s'installer une confusion entre professionnels de santé et personnes ne s'inscrivant pas dans l'exercice médical ».
L'instance ordinale estime aussi « qu'une discussion approfondie doit s'ouvrir entre Doctolib, les autorités de santé et les Ordres professionnels pour mieux définir le cadre dans lequel les professionnels peuvent être recensés sur la plateforme ».
Pour la CSMF, la question des médecines alternatives doit être réglée par l'État. Le syndicat réclame son intervention pour « clarifier les pratiques de certains professionnels qui relèvent parfois du charlatanisme » et surtout « réglementer l’accès aux médecines alternatives et en interdire toute publicité ». Son patron, le Dr Franck Devulder insiste : « Les usagers doivent avoir une information claire et transparente sur ces pratiques non médicales. Les pouvoirs publics doivent intervenir pour mieux encadrer ces pratiques pour protéger les patients. »
Doctolib ouvert à la discussion
Cette demande de régulation sera-t-elle entendue par le ministère de la Santé ? Pour le moment, c'est le silence radio du côté de Ségur, malgré les sollicitations du « Quotidien ». C'est regrettable, estime Frédéric Bizard. L'intervention des pouvoirs publics est « nécessaire », selon cet économiste de la santé. Car, « depuis le Covid, analyse l'expert, Doctolib n'est plus réellement une entreprise privée à but lucratif mais une forme de société qui bénéficie d'une délégation de service public pour l'accès aux soins ».
Cet encadrement permettrait selon lui de garantir « que les services rendus par Doctolib soient compatibles avec l'aspect universel, solidaire de notre modèle de santé ». Celui-ci pourrait alors prendre la forme d'un « cahier des charges » qui pourrait prévoir que « le répertoire de Doctolib soit accessible et validé par une institution, pour s'assurer qu'il contient uniquement des professionnels de santé qui respectent les règles éthiques et déontologiques », ajoute-t-il.
De son côté, après avoir suspendu lundi dix-sept profils de praticiens ayant suivi les formations d'une naturopathe très controversée, la licorne a annoncé engager « un travail de fond », notamment « une consultation avec les ordres, les syndicats de professionnels de santé, les autorités, la Miviludes [mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires] et la société civile ». Sur le sujet. Doctolib dit ne vouloir « exclure aucune option ».
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