Est-ce une coïncidence ? Ce Nobel 2020, salué par la communauté scientifique ramène aux grands défis qui mobilisent le système de santé. Défi médical, en premier lieu. 20 ans tout juste après la découverte du virus de l’hépatite C par les trois lauréats britannique et américains, le sofosbuvir, premier né des antiviraux à action directe (AAD) révolutionnait la prise en charge des malades. Incroyable bouleversement thérapeutique qui fait qu’aujourd’hui encore l’hépatite C demeure la seule maladie virale chronique à pouvoir être guérie.
Demain, elle pourrait être éliminée de la surface du globe. L'OMS vise en effet l'éradication en 2030 dans le monde, et en France dès 2025. Mais comment y parvenir, alors que quatre malades sur cinq seraient porteurs du virus sans le savoir ? Le chantier a nourri de vives discussions ces dernières années dans l’Hexagone, qui portent sur les contours de la politique de dépistage et sur les inégalités de santé, car l’hépatite C est aussi une maladie de la précarité. Ces dernières années, les experts se sont divisés sur l’opportunité d’un dispositif universel pour tester toute la population. La HAS n’a finalement pas retenu ce schéma. Mais les hépatologues n'ont peut-être pas dit leur dernier mot.
Auparavant, l’irruption des AAD dans le paysage thérapeutique avait ouvert d'autres discussions autour du prix des innovations et de leur soutenabilité pour la collectivité. On se souvient qu’en France, le Sovaldi avait été dans un premier temps réservé qu’aux patients les plus dégradés. Rationnement vite abandonné sous la pression des malades et des soignants. Le débat se poursuit, touchant à d'autres domaines thérapeutiques, notamment celui du cancer et des maladies génétiques, avec des molécules toujours plus efficaces… et toujours plus coûteuses. Le monde a-t-il encore les moyens financiers de ses ambitions thérapeutiques ? Et si oui, à quel prix ? En creux, ce Nobel pose décidément bien des questions.
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