Au cœur de l'été, les usagers et élus locaux de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité ont alerté le ministère de la Santé sur la situation des petites structures hospitalières, menacées selon eux par la création de groupements hospitaliers de territoire (GHT), réforme effective depuis le 1er juillet.
Reçue à Ségur le 17 août, l'association a fait part de son inquiétude quant à l'impact de cette réorganisation de la carte hospitalière sur l'accès aux soins de premier recours. Si l'objectif affiché par le gouvernement est de développer une prise en charge graduée des patients autour d'un projet médical, en mutualisant les moyens et certaines fonctions à l'échelle d'un territoire, la Coordination voit plutôt les GHT comme un nouvel outil offert aux agences régionales de santé (ARS) pour mener des restructurations à la hussarde.
Les maternités de Pithiviers et Langres fermées
L'inquiétude est d'autant plus vive pour les structures à l'activité médicale très réduite, en manque de médecins et régulièrement menacées de fermeture. En juin, la maternité de Pithiviers (Loiret) a mis la clé sous la porte, transformée en centre périnatal de proximité (sans accouchement). La maternité de Langres (Haute-Marne) devrait connaître le même sort à la rentrée. Les maternités de Remiremont (Vosges), de Decazeville, Millau et Saint-Affrique (Aveyron) sont quant à elles en sursis.
« L'organisation des GHT s'est mise en place dans l'opacité la plus totale, dénonce le collectif. Avec les comités stratégiques, les élus n'ont plus qu'un rôle minime et il n'y a plus ni représentants des personnels, ni représentants des usagers. Résultat : les ARS ont un pouvoir accru. Elles sont en capacité d'imposer leur choix au mépris des besoins et des attentes des territoires et des populations. »
Des « usines à soins » en devenir
Pour les usagers, cette réforme risque aussi de transformer certains services hospitaliers en « usines à soins ». Il existe un « risque majeur de voir l'établissement support [pilote, NDLR] récupérer les activités les plus rentables et la plupart des activités médico-chirurgicales au détriment des autres établissements du GHT, accueillant quant à eux les services de soins de suite et de gériatrie pour l'essentiel », avertit l'association.
Enfin, la Coordination s'émeut des conséquences financières et sanitaires de la mise en place des GHT pour les patients, condamnés à une mobilité plus importante selon le degré de soins nécessaire. « Surcoût, risque accru tant au niveau de la sécurité que de l'écologie, voire renoncement aux soins » menacent à terme les Français habitants dans les zones géographiques les plus reculées.
« Les GHT ont contribué à augmenter le nombre de comités de défense sur tout le territoire, confie au « Quotidien » Hélène Derrien, présidente de la Coordination nationale, qui indique fédérer 120 bureaux locaux. À Brest, à Morlaix, à Laval, ça bouge un peu partout. D'autres comités en sommeil, comme celui de Gisors, sortent de leur torpeur, poussés par les élus locaux, très inquiets pour l'avenir des petits hôpitaux et maternités. »
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