DANS LES ANNÉES 2006 et 2007, le nombre de cas annuels de rougeole qui avaient été déclarés était inférieur à 50. Cette diminution spectaculaire grâce à la vaccination pouvait laisser penser que la France était en phase de préliminaire de l’élimination de la maladie. Mais une résurgence importante est observée depuis janvier 2008 (1). En effet, alors qu’entre janvier 2008 et avril 2011, plus de 18 000 cas ont été notifiés, 14 600 l’ont été pour la seule période janvier à août 2011. Ces données, fondées sur les données de la déclaration obligatoire, ne sont pas exhaustives. Elles permettent néanmoins de dresser un bilan préliminaire de cette épidémie qui comporte 4 000 hospitalisations pour lesquelles on dénombre 900 pneumopathies, 26 encéphalites et 10 décès. Les plus de 20 ans représentent 38 % des cas déclarés et représentent les cas les plus graves, 46 % des adultes ayant été hospitalisés. Cette situation est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante. En effet, la quasi-totalité des cas rapportés ne sont pas vaccinés ou n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin. Cela a conduit à la constitution progressive d’un réservoir important de sujets réceptifs.
L’accroissement des cas endémiques matérialise la réalité de l’épidémie, avec 0,9 cas pour 100 000 habitants en 2008 et 4 en 2010. Il en va de même de la diffusion à toutes les régions de France et de l’exportation de la rougeole à d’autres pays européens.
Une urgence.
Ces données mettent en évidence l’urgence du rattrapage vaccinal des enfants, adolescents et des jeunes adultes afin d’atteindre les niveaux d’immunité nécessaires pour arrêter la circulation du virus. Elles ont conduit à recommander deux doses de vaccin chez tous les sujets nés depuis 1980. Tout cela protégerait les populations vulnérables ne pouvant être vaccinées, comme les enfants de moins d’un an, les immunodéprimés et les femmes enceintes.
Par ailleurs, en raison des épidémies de rougeole observées dans les crèches, la recommandation vaccinale des professionnels de santé a été étendue aux professionnels de la petite enfance, sans sérologie préalable chez les personnes dont les antécédents de rougeole ou de vaccination sont incertains.
En 2008, 86 souches virales ont été identifiées au Centre National de Référence de la rougeole et des Paramyxoviridae respiratoires à partir de prélèvements salivaires, 316 en 2009, 1 358 en 2010, et 1 906 jusqu’en juillet 2011. Le virus de l’épidémie est un génotype D4. Celui-ci est apparu en 2008, puis s’est étendu en 2009 et 2010, pour représenter 19, 75 et aujourd’hui 99 % des virus caractérisés.
Le diagnostic salivaire, qui a été introduit en France à l’occasion de la déclaration obligatoire de la rougeole, est bien implanté dans la communauté médicale et très efficace. En effet, plus de 75 % des échantillons sont prélevés par les praticiens dans les quatre premiers jours de l’éruption, et la recherche de l’ARN viral est positive dans plus de 80 % des échantillons salivaires reçus au CNR. Le résultat est disponible dans les 24 à 48 heures suivant la réception de l’échantillon.
En pratique communautaire, on peut aussi utiliser la sérologie sur sang périphérique. Le test de dosage est disponible dans tous les laboratoires d’analyse médicale, et les anticorps IgM et IgG sont présents dans le sérum dès le début de l’éruption, sauf en cas d’immunodépression. À l’hôpital, où on peut avoir à faire à des rougeoles compliquées, des formes graves ou atypiques et des cas chez des sujets à risque, le diagnostic virologique doit reposer avant tout sur la recherche directe du virus par PCR.
Il est inutile de faire un diagnostic virologique de rougeole dans les cas où la contamination est avérée et locale. Enfin, il est inutile de faire une sérologie sur sang périphérique si une recherche directe du virus est demandée, sauf si sécrétions salivaires ou nasales sont recueillies plus de 4 jours après le début de l’éruption
Conflits d’intérêt Pr Freymuth : aucun
Références
(1) Baudon C, et coll. Caractéristiques de l’épidémie de rougeole démarrée en France depuis 2008 : bilan des déclarations obligatoires pour les cas survenus jusqu’au 30 avril 2011. BEH 2011 ; 33-34 : 353-8.
(2) Freymuth F, et coll. La rougeole et son virus. Virologie 2011; 15 (1) : 6-22.
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