Face aux variants et à une pandémie qui semble s’installer sur la durée, la troisième dose de vaccin est la dernière carte des pays développés pour contrer la pandémie. Mais – comme souvent avec ce virus – il est encore difficile de prédire avec certitude si cette option permettra de mettre fin pour de bon à cette crise, avec ses vagues successives. Scientifiquement, cette injection supplémentaire fait à peu près consensus en ce qui concerne les personnes âgées et les publics immunodéprimés, concernés par cette nouvelle campagne qui en France a débuté mi-septembre, après certains États comme Israël ou les États-Unis. Au-delà de ces cibles, la question est plus discutée. Joe Biden, qui se faisait fort de faire « piquer » ses concitoyens pour la troisième fois, a essuyé le week-end dernier un sérieux camouflet, les experts de la FDA ayant jugé qu’il était urgent d’attendre avant de proposer un rappel supplémentaire à tous les Américains dotés d’un statut vaccinal complet.
Ce dossier pose de nombreuses questions. Sur le plan médical, difficile, on le voit, de formuler une réponse tranchée. La semaine passée, des scientifiques insistaient toutefois dans « The Lancet » sur les risques possibles de multiplications des effets secondaires avec une dose additionnelle largement distribuée et plaidaient pour une évaluation scientifique rigoureuse. A défaut, les signataires craignaient qu’un signal négatif soit ainsi envoyé à la population, accréditant l’idée d’une efficacité limitée des produits disponibles, avec le risque de saper la confiance dans la vaccination.
L’affaire pose aussi problème sur le plan éthique, ainsi que le souligne Amnesty international, qui a lancé mercredi l’initiative « 100 days countdown » pour combler le gap entre pays riches et pauvres. 5,7 milliards de doses administrées à ce jour, mais seulement 1 % des moins favorisés complètement couverts… C’est scandaleux sur le plan humanitaire. Et au niveau épidémiologique, c’est aussi une vraie source de préoccupation pour la suite. L’Afrique notamment, constituant un vrai réservoir à virus, propice, évidemment, à l’émergence de nouveaux variants. L’égoïsme des nations de l’hémisphère nord est ici patent, mais aussi l’incohérence de leurs dirigeants à l’heure de la mondialisation sanitaire.
Au passage, se trouve mise en évidence l’impuissance de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à changer le cours des choses. Cela fait des semaines que son patron Tedros Adhanom Ghebreyesus s’égosille à tenter de convaincre les pays les plus développés de privilégier une couverture mondiale de base en vaccins via la plateforme Covax, avant d’envisager une protection additionnelle pour leurs seuls ressortissants. Peine perdue pour l’instant… Dans le contexte épidémique actuel, une telle incapacité de l’OMS à faire prévaloir son point de vue est plus que préoccupante.
Exergue : L’égoïsme des pays de l’hémisphère nord est patent, mais aussi l’incohérence de leurs dirigeants
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes