LE PROCÉDÉ introduit un nouveau concept dans la recherche d’un vaccin contre le VIH, l’immunoprophylaxie vectorisée (en anglais « VIP » pour « vectored immunoprophylaxis »). Le résultat est de faire induire une production prolongée d’anticorps neutralisants contre le VIH chez l’hôte. Un certain nombre d’anticorps neutralisants capables de neutraliser la plupart des souches du virus en circulation ont été identifiés. Mais jusqu’ici, on n’est pas parvenu à les faire produire efficacement en développant les vaccins conventionnels.
D’où l’idée de développer cette approche alternative qu’ont eue les chercheurs de l’équipe de l’Institut de Technologie de Californie (Los Angeles), dirigée par le Prix Nobel David Baltimore.
Un adénovirus génétiquement modifié.
Alejandro Balazs, David Baltimore et coll. ont utilisé un adénovirus génétiquement modifié, l’AAV (adeno-associated virus). Comme jusqu’ici la production des anticorps n’est que modeste, l’AAV a été amélioré. Les chercheurs l’ont complémenté par des éléments capsidiques (vecteurs dits AAVsc pour self-complementary), ce qui améliore à la fois sa production d’anticorps et ses propriétés de vecteur.
Des vecteurs AAVsc ont récemment été utilisés pour essayer de faire exprimer des anticorps neutralisants contre le virus simien de l’immunodéficience (SIV). Les résultats ont été limités, mais la stratégie engagée a été poursuivie pour être améliorée.
« Pour tester la capacité à protéger les souris d’une charge virale d’épreuve in vivo, nous avons adapté le modèle de souris humanisé déjà utilisé, en lui faisant exprimer un déficit en CD4. » Ils ont réalisé l’étude chez cette souris humanisée génétiquement modifiée, en utilisant le vecteur viral administré dans un muscle.
Un nouvel anticorps neutralisant a récemment été isolé, le VRC10, « qui neutralise plus de 90 % des souches circulantes in vivo, en faisant un excellent candidat pour les études humaines. »
Les régions de l’anticorps neutralisant VRC10 du VIH ont été clonées dans l’AAVsc et une préparation pour intramusculaire mise au point. Elle a été administrée dans un muscle de la souris humanisée. Les résultats montrent que ce rongeur, qui a reçu une injection unique du VIP en I.M., semble complètement protégé contre l’infection par le VIH, y compris lorsque de fortes charges du virus sont administrées par voie intraveineuse.
Transfecte les gènes dans le muscle.
« Cette immunoprophylaxie fait appel au système immunitaire de façon différente d’un vaccin habituel », expliquent les auteurs. Le virus AAVsc transfecte les gènes dans le muscle, lieu où les anticorps protecteurs sont élaborés. Ils diffusent par la suite dans l’organisme.
Étant donné le haut niveau de protection qui est observé, « ces résultats font naître la possibilité que cette approche puisse aboutir à un traitement préventif efficace chez les humains », écrit David Baltimore dans un communiqué.
À mesure que des anticorps neutralisants plus efficaces continuent à être isolés, le concept VIP, de concert avec les anticorps déjà existants, peut aboutir à accroître la couverture neutralisante contre le VIH et à permettre de contourner le problème des mutations incessantes qui caractérisent ce virus et freinent jusqu’ici la mise au point d’un vaccin.
Les résultats des chercheurs américains remplissent un objectif, face à l’urgence actuelle à combattre la pandémie globale de l’infection à VIH et les progrès croissants vers un vaccin.
Nature, 30 novembre 2011.
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