« Les réseaux diabète connaissent depuis deux ans une mutation importante en France. Ils sont obligés d’évoluer, face à la volonté des Agences régionales de santé (ARS) de mutualiser les actions des différents réseaux monothématiques, pour donner la priorité à la prise en charge des patients dits « complexes ». C’est une évolution importante qui nécessite une grande vigilance de la part de tous les acteurs des réseaux diabète, pour que ne soit pas perdu tout ce que nous avons construit depuis une dizaine d’années », explique le Dr Pascal Monguillon, diabétologue libéral à Brest et ex-médecin coordinateur du réseau Diabiroise, créé en 2004 dans le Finistère.
C’est à peu près à la même époque que beaucoup de réseaux diabète ont été créés en France, avec une volonté de mieux coordonner la prise en charge multidisciplinaire des patients. « Nous avons pu montrer l’intérêt chez le patient diabétique d’une éducation thérapeutique complémentaire de celle dispensée dans les hôpitaux et les cabinets libéraux. Ce avec quelques succès indéniables, notamment dans la prise en charge du pied diabétique, sous l’impulsion de l’Association nationale de coordination des réseaux diabète (ANCRED). Ce sont les réseaux diabète qui ont notamment permis de démontrer tout l’intérêt d’un bon suivi podologique des patients avec un accès régulier au pédicure-podologue. Cela a été ensuite reconnu avec la création par l’Assurance-maladie de la lettre clé des pédicures-podologues pour les patients diabétiques présentant des problèmes de pieds particuliers », explique le Dr Monguillon.
Mais, depuis 2014, le modèle est en plein bouleversement. « Nos autorités de tutelle ont changé de concept, en se fondant notamment sur les déclarations d’un certain nombre de médecins qui disaient ne pas s’y retrouver face au nombre, trop élevé selon eux, de réseaux de santé en France. Il y a eu une volonté nationale relayée par les ARS de créer un guichet unique, auquel pourraient s’adresser les médecins généralistes et tous les soignants de proximité », explique le Dr Monguillon.
Ce dernier n’a pas oublié une réunion à laquelle il a participé en janvier 2014 à Brest. « Le but était de nous présenter le projet de fusion de trois réseaux, de cancérologie, de soins palliatifs et de gériatrie, sur le Nord-Finistère. Et puis, au fil de la réunion, j’ai compris que notre réseau diabète était aussi concerné par ce projet. Et qu’en fait, ce n’était pas trois mais cinq réseaux que l’ARS envisageait de fusionner », raconte le Dr Monguillon.
Le réseau Diabiroise a alors été intégré dans une plate-forme territoriale d’appui à la coordination (PTAC), qui a pris le nom d’Appui Santé Nord-Finistère. Le Dr Monguillon exerce désormais comme « médecin d’appui » au sein d’Appui Santé Nord Finistère.
Cette nouvelle structure a vocation à être l’interlocutrice unique, à l’échelon d’un territoire de santé, de tous les généralistes ayant à gérer des patients complexes, quelle que soit la pathologie, l’âge, et pas seulement dans le champ médical mais aussi social, ce qui implique une meilleure coordination entre les deux.
Ce dernier estime que, dans cette évolution, les réseaux diabète sont un peu mis devant le fait accompli. « Ici, comme ailleurs, notre principal financeur, c’est l’ARS. Nous devons suivre le cap qu’elle trace, mais être suffisamment investis pour décider des principales orientations et il faut s’investir pour ne pas perdre l’expertise que nous avons développée depuis plus de dix ans », souligne le Dr Monguillon qui, pour l’instant, ne peut pas se prononcer sur le bien-fondé de cette démarche de mutualisation des différents réseaux santé en France. « C’est trop tôt pour mesurer le bénéfice pour les professionnels de santé et les patients. C’est une bonne chose de vouloir simplifier les choses pour les généralistes en leur permettant d’avoir un seul numéro à appeler quand ils sont en difficulté avec un patient. Mais il faut rester vigilant pour ne pas perdre ce qui a fait la richesse et l’intérêt des réseaux monothématiques en France ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes