L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies) publient un rapport jeudi qui indique que 142 000 nouveaux cas de VIH ont été recensés en Europe en 2014, un record pour la région.
60 % des nouveaux cas en Europe de l’Est
Si l’on regarde les chiffres de la région Europe de l’OMS, qui comprend 53 pays et 900 millions de personnes, la Russie représente à elle seule 60 % des nouvelles infections, et l’incidence augmente fortement dans les pays de l’Est comme la Bulgarie, la Hongrie, la République tchèque, la Lituanie ou la Slovaquie, contrairement à la plupart des pays de l’Union Européenne qui voient, eux, l’incidence du VIH diminuer en 2014.
Le rapport montre que c’est la transmission hétérosexuelle qui est responsable de l’augmentation de l’incidence du VIH à l’Est, où la transmission par injection de drogues reste élevée également. Les pays de cette région voient également les taux de SIDA déclaré multiplié par 2, et le stade SIDA survient plus fréquemment au diagnostic.
Les 28 pays de l’UE et les 3 États de l’espace économique européen (Islande, Lichtenstein et Norvège) ne représentent eux que 21 % des nouvelles infections, et l’incidence du VIH et du SIDA diminue globalement.
Cette diversité épidémiologique justifie pour l’OMS et l’ECDC l’adoption d’approches de dépistage et de prévention ciblées sur les populations les plus à risques selon les régions.
À l’Ouest, les HSH restent les plus touchés
Les contaminations chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) augmentent dans quasiment tout l’espace européen, et ils représentent la population la plus touchée dans la majorité des pays de l’UE.
Si dans cette population les diagnostics tardifs (taux de CD4 ‹ 350/mm3 au diagnostic) sont moins fréquents que dans les groupes hétérosexuels et usagers de drogues intraveineuse (UDIV), l’OMS s’inquiète de cette situation, et insiste sur l’importance du développement de nouveaux outils de prévention, comme la PrEP, dont elle a recommandé l’usage dans les populations les plus à risque récemment.
Les diagnostics tardifs: obstacle à la fin de l’épidémie
Pour l’ensemble de la région Europe, presque la moitié des cas sont encore diagnostiqués tardivement, contribuant à perpétuer l’infection. Pour les seuls pays de l’Union Européenne, les diagnostics tardifs comme les cas de SIDA déclarés diminuent progressivement. Mais les 2 /3 des SIDA surviennent au moment ou peu après la découverte de séropositivité, indiquant la persistance de diagnostics tardifs, et une efficacité insuffisante du dépistage.
Les migrants plus à risque de s’infecter dans le pays d’accueil
37 % des personnes nouvellement diagnostiquées séropositives sont des migrants, et la plupart s’infectent après leur arrivée en Europe, y compris pour ceux arrivant de zones endémiques.
Ces populations doivent donc pour l’OMS faire l’objet de programmes de prévention spécifiques. « Quand les réfugiés et migrants sont victimes d’exclusion sociale dans leur pays d’accueil, (...) cela peut les conduire à suivre des comportements à risque » explique Zsuzsanna Jakab, la directrice de l’OMS Europe, dans son communiqué.
Elle invite ainsi les pays européens à « optimiser les services de dépistage, de prévention, et de traitement du VIH chez les migrants et les réfugiés, quelle que soit leur situation juridique, ce qui est la manière la plus sûre de protéger la population installée ». Cette population est également plus à risque d’avoir un dépistage tardif, posant la question de l’accès au soin. L’OMS rappelle que seuls la moitié des pays de l’UE délivre des ARV aux patients sans papiers.
Le rapport conclut qu’outre le développement des outils de prévention et de l’accès précoce au traitement, un dépistage optimisé selon l’épidémiologie régionale permettrait d’atteindre plus précocement les populations vulnérables, seul moyen de parvenir au contrôle de l’épidémie de VIH en Europe.
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