TOUTES les contradictions de la Chine sont résumées là, dans ces deux slogans distants de quelques mètres seulement. Le premier s’étale sur une immense affiche placardée dans la rue, à la gloire de l’idéal communiste. Des centaines de soldats en armes sont représentées, et ce message, en idéogrammes rouges : « Être loyal à la patrie, aimer le peuple, servir le pays, défendre l’honneur. »
L’autre slogan est la devise inscrite au fronton du Mary’s Hospital. Traduite en anglais, pour les éventuels visiteurs étrangers : « Holiness, love, elegance, joy ». Le Mary’s Hospital est une maternité privée de luxe à Pékin. Un écrin réservé aux riches, très riches citadines. L’accouchement est facturé 3 000 euros. À ce prix, la péridurale est comprise. Une rareté à Pékin, où les hôpitaux publics ne pratiquent la péridurale que dans 10 % des cas.
Les chambres offrent tout le confort : sofa, écran plat, chauffe-biberon, frigo, climatisation, purificateur d’air, lit large pour maman et couffin délicat pour bébé. Cinq cents femmes accouchent ici chaque année. Leur suivi de grossesse– 13 consultations pendant 9 mois – coûte 15 000 yuans (1 700 euros). La Chine prend en charge les prématurés à partir de 28 semaines. Ceux qui naissent au Mary’s Hospital sont immédiatement transférés : l’établissement n’a pas de néonatalogie.
Une infirmière accepte de répondre à nos questions. Son salaire n’est pas mirobolant, 300 euros par mois, mais elle ne paraît pas trouver les tarifs prohibitifs. « À l’hôpital public, les consultations sont faites dans une salle collective, dit-elle. Ici, la consultation est individuelle. C’est pourquoi nous sommes plus chers. » Lui arrive-t-il de choisir le sexe du bébé ? « Non, répond-elle, catégorique. C’est interdit par la loi. » L’infirmière précise avec fierté que le taux de césarienne n’est ici « que » de 35 %, contre 50 % à Pékin, et plus encore dans le reste de la Chine. L’établissement vient de recruter un conseiller médical. Un Australien. À charge pour lui d’optimiser la rentabilité en réorganisant les soins. Ce commentaire ébahi d’un visiteur occidental : « Ils mettent les moyens pour être au top. On aurait des leçons à prendre. »
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