Comment connaître l’âge des victimes d’une catastrophe naturelle, alors que les nombreux corps sont abîmés, compliquant le relevé des empreintes digitales et l’examen interne et externe ?
La question s’est posée avec acuité lors du tsunami de 2004 en Asie du Sud Est, qui a fait plus de 240 000 morts. « L’examen dentaire a été primordial face à des difficultés d’identification majeures : très grand nombre de victimes, corps déplacés sur de grandes distances, origine variée des victimes, décomposition très rapide des corps en raison du climat, qui ne sont plus identifiables visuellement au 3e jour, absence de vêtements sur les corps », écrit le Pr Jean-Jacques Brau, chef du service d’odontologie à l’hôpital d’instruction des armées du Val de Grâce, qui a participé à l’opération d’identification Béryx-Thaïlande, dans un article publié dans les e-mémoires de l'Académie Nationale de Chirurgie (format PDF).
Les chirurgiens-dentistes légistes d’active et de réserve avaient donc effectué, comme de coutume, des recherches ante mortem, avec les familles, pour connaître l’état dentaire des disparus. Ils ont ensuite procédé aux examens post mortem sur site avant de comparer les données, pour établir une concordance parfaite des odontogrammes qui « seule, peut entraîner l’identification d’un corps », souligne le Pr Jean-Jacques Brau.
Mais « cette technique d’identification s’est révélée peu efficace pour identifier les enfants et les adultes thaïlandais, souvent à cause de l’absence d’éléments dentaires ante mortem », nuance-t-il. La recherche par ADN, extrêmement coûteuse, reste alors le seul moyen d’obtenir un résultat fiable.
Le nouvel outil des scientifiques de l’Université Queen Mary de Londres aurait-il facilité l’identification des victimes ?
« Une révolution »
L’Atlas (format PDF) rassemble les données sur le développement des dents à racine unique ou à plusieurs racines, la résorption dentaire, et les stades d’éruption, pour les individus entre 28 semaines in utero et 23 ans*. Présenté sous forme d’une spirale de diagrammes, il montre un continuum des âges de développement.
Extrait de l'atlas de l'université Qeen Mary.
« Ce nouvel outil devrait révolutionner la façon dont les médecins légistes détermine l’âge d’un corps », espère le Dr Helen Liversidge, responsable du projet.
L’atlas pourrait servir à plusieurs catégories de professionnels. « Il sera très utile pour les étudiants en dentisterie, les médecins légistes spécialisés en odontologie, les équipes d’identification des victimes d’une catastrophe, les archéologues. Il permettra aussi d’identifier l’âge des mineurs demandeurs d’asile », explique le Dr Sakher Al Qahtani, qui a participé à l’Atlas. Une application à télécharger devrait bientôt être disponible, promettent les chercheurs.
*Les données ont été recueillies à partir de dents de 72 squelettes pré natals et 104 squelettes post natals dont l’âge de mort était connu, issus des collections du Collège royal des chirurgiens et du Musée d’histoire naturelle d’Angleterre.
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