La problématique a changé. Pour le Pr Christine Katlama, infectiologue spécialiste du VIH à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) : « Aujourd’hui, tous les patients séropositifs ont une charge virale indétectable ou presque. Il faut essayer de traiter de façon plus minimaliste. Ce n’est pas la même chose d’être traité pour 10 CD4 ou de l’être avec 500. Dès lors que l’on est suivi depuis 10-15 ans, ce n’est peut-être plus la peine de donner "une grosse bombe". Les durées d’administration sont très prolongées, désormais 40, 50 voire 60 ans ! L’objectif qui nous mobilise aujourd’hui est de déterminer le juste traitement, en fonction du profil de chaque patient, de l’état de son réservoir et de son état immunitaire ».
Les deux axes autour du réservoir
Avant, le traitement était donné pour faire taire le virus. Aujourd’hui, il devrait l’être pour éviter que le virus ne se réplique. « Il ne faut pas donner la même puissance pour entretenir que pour mettre le virus à plat. Comme un iceberg, la première partie a consisté à s’occuper de la partie visible, c’est-à-dire à contrôler le virus, mais il reste à comprendre la partie immergée non visible, en particulier les réservoirs. Comment le virus persiste à l’état latent ? C’est tout ce pan de recherche qu’il faut explorer actuellement ». Les réponses auront un retentissement bien au-delà du VIH, puisqu’on connaît très peu de choses en général sur comment les virus persistent dans l’organisme à l’état latent.
« Le réservoir, c’est deux pistes de recherche : à la fois un levier sur lequel on essaie de jouer avec des molécules pilotes et un critère à intégrer pour décider du traitement. Si le réservoir est bas avec une petite maladie résiduelle, il n’y a pas besoin d’un traitement lourd ». On est d’ores et déjà capable de l’évaluer à l’aide d’une simple prise de sang dans certains laboratoires un peu spécialisés. La méthode consiste à extraire l’ADN viral des peripheral blood mononuclear cell (PBMC) et à le quantifier, comme on le fait chez les enfants.
Minimiser l’exposition le plus possible.
Autre point, il faut travailler sur l’accès au traitement avec l’objectif de s’occuper de tous les patients. « Différentes stratégies sont envisageables pour optimiser les traitements et diminuer l’exposition médicamenteuse : diminuer le dosage de certaines molécules, simplifier les associations, alléger la prise au long cours avec des formules 5 jours/7 ». L’idée phare est bien de minimiser l’exposition le plus possible, sans compter que les coûts en seraient réduits d’autant.
Le vaccin, pas encore de concept.
Concernant les vaccins, il n’existe pas de preuve du concept. « Les ressorts de l’immunité ne sont pas identifiés. Personne ne s’est immunisée contre le virus. Comment alors arriver à reproduire quelque chose qui n’existe pas ? On cherche à produire des anticorps neutralisants, mais pour l’instant sans succès et sans que les raisons n’en soient élucidées. Pour les vaccins, il faut penser différemment ». Pour l’infectiologue, « il existe plusieurs moyens de se protéger, les préservatifs, la chimioprophylaxie, le traitement des sujets séropositifs. Et, si le vaccin existait, il n’est pas sûr du tout que les gens y auraient recours, tant les préjugés sont forts. Comme c’est le cas pour le vaccin contre l’hépatite B, personne ne s’estime à risque ».
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